Colloque international

Le Moyen-Orient à l’heure du Golfe Lyon les 3 et 4 novembre 2014

, par Mohammad Bakri


Colloque international organisé par le GREMMO (CNRS-Université Lyon 2 et IEP de Lyon) et l’IEP de Grenoble, les 3 et 4 novembre 2014, Grand Amphithéâtre de l’Université Lyon 2.

Les causes internes des révoltes dans le pays arabes ont été largement étudiées au cours des trois dernières années. Il convient aujourd’hui de changer d’échelle et de s’interroger sur les déterminants régionaux et la géopolitique internationale. Dans le contexte de l’affaiblissement de la politique de puissance américaine dans la région, mais aussi de l’éventuel redéploiement de cette puissance si l’Iran est réintégré dans le concert international, plusieurs des pays du Golfe ont déployé un fort activisme diplomatique autour d’acteurs très différents, avec des ressources diplomatiques et financières variables, d’abord autour du Qatar, puis de l’Arabie saoudite quand celle-ci reprend à l ‘évidence la main courant 2013.. Cet activisme semble avoir réintroduit au Moyen-Orient une véritable “nouvelle guerre froide”, autour d’un affrontement indirect avec l’Iran, dont l’espace principal est évidemment la Syrie, où le conflit ouvert au printemps 2011 s’est très vite régionalisé et internationalisé.

Les politiques de développement et le dirigisme économique qui caractérisaient les pays du Proche-Orient, excepté le Liban, ont été interrompus dans les années 1980 et ces pays se sont alors engagés résolument dans la voie libérale (accords MEDA, zone de libre-échange avec l’Union Européenne, GAFTA). Avec la montée des prix du pétrole, à partir de 2002, les pays du Golfe sont devenus le principal pourvoyeur d’IDE au Proche-Orient. Le dynamisme de leur économie domestique a attiré des flux croissants de migrants, notamment en provenance du Proche-Orient A travers les importantes remises des migrants, ces flux migratoires ont évidemment renforcé la dépendance financière aux pétromonarchies des pays fournisseurs de main-d’oeuvre.

La crise économique mondiale et ses répercussions dans le Golfe ont cependant obligé les pétromonarchies à réduire leurs investissements dans les pays du Proche-Orient, tandis qu’une partie des immigrés étaient privés d’emplois, et contraints au retour. Peut-on considérer que ce facteur a contribué significativement au « Printemps arabe » , et qu’il y aurait là l’effet conjoncturel qui a précipité le déclenchement d’une crise structurelle ?

Le Golfe n’exporte pas que ses capitaux, mais aussi son modèle économique, culturel, religieux et politique. Les télévisions satellitaires, al-Jezira et al-Arabya, sont de puissants instruments pour diffuser leur influence, comme nous avons pu le constater lors des printemps arabes, chaque chaîne relayant le discours du régime qui la contrôle. Le Qatar promeut et instrumentalise les Frères Musulmans, tandis que l’Arabie Saoudite appuie les courants salafistes contre les Frères, soutient les régimes conservateurs, et combat les régimes alliés à l’Iran. La concurrence entre les deux acteurs géopolitiques se manifeste dans les pays déstabilisés : en Egypte, Riyad soutient massivement les militaires qui ont renversé le président Morsi et traquent les Frères, au grand dam de Doha ; en Syrie, Qatar et Arabie Saoudite financent chacun des groupes rebelles radicaux mais antagonistes, et rivalisent pour prendre le contrôle de la Coalition Nationale Syrienne. Ces choix divergents entraînent, au printemps 2014, de fortes tensions au sein du Conseil de coopération du Golfe.

Les bouleversements énergétiques que connaît la région semblent jouer à plusieurs échelles dans les conflits actuels. Les découvertes d’hydrocarbures dans le bassin méditerranéen oriental constituent un nouvel enjeu : à la fois pour les acteurs locaux, qui se disputent sur le tracé des eaux territoriales et des zones d’exploitation économique (Israël, Palestine, Liban, Syrie, Chypre, Turquie) ; et pour les acteurs extérieurs qui cherchent à contrôler l’exploitation et le transport de ces hydrocarbures afin de ménager leurs propres intérêts (pays du Golfe, Russie, Turquie, Etats-Unis, Europe de l’Ouest). A terme, ces ressources peuvent-elles constituer un facteur d’autonomisation du Proche-Orient par rapport au Golfe ? Dans l’immédiat, il convient d’analyser les stratégies des Etats proche-orientaux face à ces perspectives énergétiques.

Ce colloque se propose donc de réfléchir aux relations qu’entretiennent les pays arabes de la Méditerranée orientale (Egypte, Syrie, Liban, Jordanie, Palestine), mais aussi la Turquie, et les puissances du Golfe (Iran et Conseil de Coopération du Golfe, voire l’Irak) à travers les aspects économiques et politiques, confessionnels et culturels. Il convient dans un deuxième temps de s’interroger sur les conséquences de cette influence sur les mutations et les crises actuelles dans les pays de la Méditerranée orientale (Egypte, Syrie, Jordanie, Liban).

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