La plus ancienne des revues de sciences sociales spécialisée sur les faits migratoires et leurs conséquences
Introduction
Depuis plus de 40 ans, Hommes & Migrations diffuse des connaissances sur les migrations en France et dans le monde. Pluraliste et pluridisciplinaire, la revue confronte la réflexion des chercheurs à l’expérience des praticiens. Elle publie des dossiers thématiques sur les flux migratoires, les réalités de l’immigration, les politiques publiques, et le dialogue interculturel. Des chroniques régulières relatent l’actualité sociale et culturelle (débats, initiatives, livres, films, spectacles, musiques). Depuis 2006, elle est éditée par la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, désignée à présent sous le nom de "Musée de l’histoire de l’immigration", qui lui confie le rôle d’interpeller les publics sur les grands enjeux contemporains : diversité culturelle, intégration, citoyenneté, rapport à l’autre.
Hommes & Migrations, une revue de référence en sciences sociales sur les migrations et l’intégration en France
En 1950, le père Ghys fondait les Cahiers nord-africains, première revue de réflexion et d’action sur la présence de l’immigration maghrébine en France, éditée pas l’association d’alphabétisation AMANA. En 1965, les Cahiers prenaient acte de la diversification des flux migratoires et devenaient Hommes et Migrations. Depuis, avec une équipe toujours motivée, la revue a su devenir une référence incontournable sur le thème des migrations et de l’intégration en France et dans le reste du monde. Le décès de Philippe Dewitte, son rédacteur en chef, intervenu en mai 2005 a laissé l’équipe orpheline. Avec sa disparition, c’est la cheville ouvrière et le pilote intellectuel de la revue disparaissait, lui qui pendant 10 ans avait su faire d’une publication d’information initiale une véritable revue ayant sa place et sa particularité dans le champ des revues en France.
Diffuser les connaissances
Les phénomènes migratoires sont peu ou mal appréhendés dans l’opinion française qui les perçoit souvent comme une menace d’invasion et de dysfonctionnement pour notre société. C’est pour remplir une nécessaire mission d’information et de diffusion des connaissances produites par les scientifiques que Hommes et Migrations publie dans chaque numéro un dossier sur un grand thème lié aux flux migratoires, aux réalités de la cohabitation entre les cultures et les populations. Fidèle à une ligne éditoriale pluraliste et pluridisciplinaire, cette revue confronte sur une même question la réflexion des chercheurs à l’expérience des praticiens et à l’action entreprise par les responsables politiques, culturels ou associatifs. Des articles hors dossier et des chroniques régulières tiennent compte de l’actualité sociale et culturelle (débats, initiatives, livres, films, spectacles, musiques) pour élargir le spectre des connaissances et des experts, professionnels et intellectuels investis dans le champ des migrations et un lectorat divers qui recherche une information sans vouloir être forcément se spécialiser.
Stimuler le débat citoyen
L’impact d’une revue va au-delà de la diffusion du seul support papier. La revue Hommes & Migrations, comme toute revue intellectuelle, entend également jouer dans l’espace public un rôle de stimulateur de débats qui trop souvent ré-émergent dans les médias nationaux au rythme des suffrages électoraux sur des bases souvent simplistes et réductrices. Il s’agit de débattre autrement de ces questions en interpellant les publics sur les grands enjeux de notre société : la diversité culturelle, l’intégration et la citoyenneté, l’hospitalité et le rapport à l’autre etc.
En proposant un espace ouvert de dialogue et de questionnements, la revue propose de cadrer les paramètres d’un débat citoyen, construit à partir de la réaffirmation de valeurs démocratiques mais sans limiter les points de vue, ni les modes d’expression. C’est pourquoi, à chaque sortie d’un numéro, Hommes et Migrations n’hésite pas à programmer plusieurs débats ou conférences qui vont prolonger la réflexion produite par les auteurs par des échanges parfois vifs et animés.
Revue intellectuelle et ancrage territoriale
Aborder les questions migratoires à travers l’ancrage territoriale, c’est porter une attention particulière aux déclinaisons variables de la problématique migratoire en fonction d’une région ou d’une agglomération. La revue Hommes & Migrations l’a déjà portée à plusieurs reprises (Marseille, Pays-de-la-Loire, Alsace, Rhône-Alpes,…) C’est une opportunité pour la revue de nouer des contacts privilégiés avec l’ensemble des chercheurs qui mènent des travaux sur les phénomènes migratoires, sur les processus d’intégration des population immigrées et les conditions d’accueil que leur réserve une société localement et très concrètement. Les analyses sont situées dans un contexte géographique et historique toujours singulier qui s’avère indispensable à la compréhension des particularismes de chaque territoire, sans nier pour autant les similitudes avec d’autres entités.
C’est aussi l’occasion pour une revue de mobiliser un réseau de partenaires économiques, institutionnels, associatifs, qui apportent leurs réflexions et témoignages sur les thématiques migratoires à partir de leurs expériences de terrain. Dans leur déclinaison régionale, les débats sur l’immigration prennent parfois de la distance avec les médias nationaux. L’ancrage régional donne donc de la chair et de la complexité aux approches souvent très intellectuelles qu’une revue de sciences sociales publie habituellement. Raison de plus pour programmer des dossiers régionaux qui s’adressent à une audience en quête d’informations sur leur environnement proche.
La reconnaissance des immigrés dans la société française
La création de la CNHI a bénéficié du transfert de l’équipe de rédaction et de la propriété du titre de la revue Hommes & Migrations. Ce nouveau positionnement de la revue dans une institution culturelle missionnée sur l’histoire de l’immigration a provoqué plusieurs craintes compréhensibles : perte de l’indépendance éditoriale, évolution vers une revue historique, distance par rapport aux débats d’actualité etc. Ces évolutions sont cependant empêchées par la convention entre l’association Amana, ancien détenteur du titre, et la CNHI qui garantit l’indépendance éditoriale de la revue. Par ailleurs, la Cité nationale accueille la revue comme « son support scientifique », axé sur toutes les problématiques liées aux migrations internationales. Le thème de la reconnaissance des populations immigrées et de leur contribution à la construction de la société française devient par conséquent une orientation thématique forte de la revue qui n’a d’ailleurs pas attendu la création de la Cité pour traiter ce thème dans toutes ses dimensions (sociales, économiques, politiques et culturelles).
C’est à la revue que revient le rôle d’animer des débats de réflexion sur l’actualité de l’immigration en France et à l’étranger ; répondant ainsi à une attente des publics de la future Cité de ne pas être seulement un musée d’histoire mais de faire le lien entre le passé et le présent. Il faut dire que la revue bénéficie désormais de l’environnement culturel de la cité, de ses ressources, notamment financières, contrairement aux autres revues qui subissent actuellement des baisses conséquentes de leurs aides publiques. Des collaborations fructueuses pourront naître avec la programmation de la Cité, les expositions temporaires, les colloques scientifiques, les spectacles vivants etc. dans une relation de réciprocité et de complémentarité qui peut s’établir rapidement
Etre à l’écoute des thèmes émergents et internationaux
La revue Hommes & Migrations élabore une politique éditoriale à moyen terme (2 ou 3 ans) qui soit en mesure d’anticiper et de répondre aux attentes des lecteurs en termes de thèmes émergents, de débats d’idées, de réflexion transversale, d’information sur les recherches et les mesures prises par les pouvoirs publics, les collectivités locales et les initiatives associatives dans ce domaine. D’autre part, maintenir l’ouverture de la revue nécessite de renforcer la ligne éditoriale sur toutes les disciplines des sciences sociales. Pour cela, la revue doit actualiser et élargir le cercle de ces auteurs pour prospecter tous les spécialistes des thèmes traités, notamment par appel à communication et en accordant une attention plus appuyée aux jeunes chercheurs.
Enfin, les comparaisons européennes ou internationales vont être traitées de manière plus conséquente. La revue souhaite établir chaque année une relation croisée avec un pays particulier : échanges d’informations et de travaux avec des chercheurs ou des revues, publication d’un dossier spécial, mise en place de contacts, organisation de séminaires avec les auteurs de la revue, etc.
Par Marie Poinsot, Rédactrice en chef