Pourquoi le streaming n’a pas encore bouleversé la musique dans le monde arabe
Amr Diab en portrait géant sur Time Square à New York ; un artiste chaabi égyptien, Hassan Chakouch, numéro 2 dans le top mondial soundcloud : le grand retour de la musique arabe dans le jeu des tubes internationaux s’annoncerait-il ? L’industrie rêve que les rythmes du Golfe ou l’électro égyptien deviennent un son global, succédant au « reggaeton » des années 2010. Mais la nouvelle donne patine encore. Voyage derrière les discours enchantés de l’industrie musicale et chronique des musiques qui s’annoncent.
L’industrie musicale a retrouvé le sourire et le chemin du monde arabe : Warner Music Group, un des plus gros labels mondiaux, a rouvert un bureau à Beyrouth en 2018, suivi des services de streaming Spotify et Deezer, venant concurrencer la plate-forme locale Anghami, créée en 2012. Pourquoi revenir maintenant dans la région ? Parce que ces acteurs ont deux chiffres alléchants en tête : le taux de pénétration du smartphone d’abord. Ce support privilégié pour diffuser de la musique s’est développé d’une manière extraordinaire ces dernières années dans le monde arabe : en Égypte, de 2017 à 2019, le nombre de personnes qui possèdent un smartphone a bondi de plus de 20 points (de 57 à 80 %), jusqu’à se rapprocher des 95 % du Golfe.
C’est ensuite la jeunesse de la population qui excite les convoitises. L’âge médian dans la région est de 23 ans, or c’est justement jusqu’à cet âge que l’on écoute le plus de musique par jour. Autrement dit, c’est la rencontre parfaite entre le support privilégié du streaming et son âge cœur de cible. Pour Chris Ancliff, jusqu’à récemment à la tête du bureau de Warner dans la région, « c’est [donc] absolument le bon moment pour faire quelque chose dans la région »...