Le lexique arabe des odeurs, tel qu’il apparaît dans les grands dictionnaires classiques, est un lexique abondant. Mais cette richesse est en trompe‑l’œil : en effet, les synonymes sont très nombreux et les nuances de sens sont en nombre limité. La théorie des matrices et des étymons fournit un cadre cohérent pour dresser la typologie des radicaux trilitères olfactifs : le lexique fondamental des odeurs est organisé autour d’un nombre restreint d’étymons et dans le cadre de deux ou trois matrices associant des consonnes continues à des labiales, des coronales ou des nasales. Cette analyse permet de constater que le réseau sémantique de l’olfaction est en partie lexicalisé. Pour le reste, la profusion de synonymes (77 verbes signifiant « sentir mauvais » !) pose la question de savoir comment ont été constitués les dictionnaires arabes classiques. Même si les lexicographes sont avares d’informations, il semblerait qu’ils aient compilé les données propres à de nombreux dialectes arabes anciens, comme en témoignent les quelques exemples analysés dans la seconde partie de l’article.