Inalco

Deuxième séance du cycle Migrations - Migrations et révolutions arabes Lundi 11 janvier 2016

, par Mohammad Bakri

Les révolutions arabes ont déclenché des crises migratoires de grande ampleur au Moyen-Orient, dont les répercussions touchent aujourd’hui l’Europe. Les intervenants donneront des clés de lecture pour comprendre la crise des réfugiés en Europe, et notamment des informations sur le Proche-Orient, épicentre de la crise. L’impact des interactions entre révolutions arabes et migrations sera analysé à partir de plusieurs cas : l’exemple des migrations égyptiennes, la situation catastrophique des réfugiés syriens en Jordanie, et les réponses en termes de politiques migratoires données par les pays du Golfe pour se préserver de la « contagion » révolutionnaire.

Invités : Myriam Ababsa (IFPO, Amman), Hélène Thiollet (CERI, CNRS/Sces Po).
Séance proposée par Delphine Pagès-El Karoui (Inalco, MDC Géographie du monde arabe)

Entrée libre et gratuite.

Interventions

Myriam Ababsa, De la crise humanitaire à la crise sécuritaire. Les dispositifs de contrôle des réfugiés syriens en Jordanie (2011-2015)
En Jordanie, avec près de 20 % de la population formée de réfugiés syriens, la pression que font peser les réfugiés sur les infrastructures scolaires et les services médicaux est telle que la crise humanitaire se transforme en crise politique sur le plan intérieur et en crise sécuritaire. Sous la pression de l’opinion publique et parce qu’elle a décidé de s’engager militairement dans le combat contre l’Etat Islamique, la Jordanie a durci sa politique envers les réfugiés syriens en 2014. L’interdiction de travail est maintenue, des contrôles sont conduits et les conditions de résidence sont de plus en plus restrictives. L’objectif de cet article est de présenter l’évolution de la politique de gestion jordanienne des réfugiés syriens depuis quatre ans, en mettant l’accent sur l’évolution des dispositifs de contrôle et des cadres légaux, sous la pression du contexte géopolitique de guerre contre les djihadistes.

Hélène Thiollet, Migration et (contre)révolution dans le Golfe : politiques migratoires et politiques de l’emploi en Arabie saoudite.
Face au mouvement de contestation des régimes autoritaires qui ont touché les pays du Golfe, l’Arabie saoudite a eu plusieurs types de réponses : répression des manifestations dans l’est du pays ; cooptation des opposants déclarés ou potentiels ; envoi de troupes contre révolutionnaires au Bahreïn en 2011 ; mesures « prophylactiques » qui ont permis à la monarchie saoudienne non seulement d’acheter la paix sociale en 2011, mais aussi de modifier les conditions de possibilité d’une révolution, en s’attaquant aux causes structurelles des soulèvements populaire. Dans cette intervention, on s’intéressera particulièrement aux réformes des politiques migratoires et de l’emploi : « saoudisation » du secteur privé, contrôle de l’immigration et expulsion des migrants en situation irrégulière. Ces politiques sont-elles réellement efficaces ?

Delphine Pagès-El Karoui, Les migrations en Egypte après 2011 : une révolution ?
Les impacts des révolutions arabes sur les migrations au Moyen-Orient varient d’un pays à un autre. Si l’on connaît bien les conséquences dévastatrices de la guerre en Syrie qui ont créé plus de quatre millions de réfugiés, qu’en est-il pour l’Egypte ? Le champ migratoire égyptien n’a pas été totalement bouleversé par les révolutions arabes, mais on a vu apparaître de nouveaux flux, de nouveaux motifs d’émigration (instabilité, insécurité) et de nouvelles pratiques transnationales, comme le vote à distance. Dans cette intervention, on dressera un bilan post-2011 des migrations en Egypte, considéré à la fois comme un pays de départ, d’accueil et de transit.

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