Le musée de l’IMA présente une exposition inédite sur le dessin dans le monde arabe. A découvrir, une centaine d’œuvres issues de sa collection, récemment enrichie de la donation Claude & France Lemand. Ces dessins, pour la plupart figuratifs, datent du XIe siècle à nos jours, certains sont exposés pour la première fois.
Raconter une histoire
Dédier une exposition au dessin, c’est donner à (re)découvrir l’immense diversité d’un art tantôt monochrome, tantôt excessivement coloré, tantôt figuratif, tantôt informel, voire « abstrait » tel qu’on le qualifierait en Occident.
Pour donner la mesure de l’ancrage du dessin dans le monde arabe, le parcours se déploie sur trois des quatre niveaux du musée. Il inclut, outre les œuvres modernes et contemporaines de trois générations d’artistes, des dessins exécutées entre le XIe au XVIe siècle sur divers supports : papier (en feuille – mentionnons ceux d’époque fatimide trouvés à Fustât en Égypte – ou dans un manuscrit), cuir, textile ou céramique...
Le dessin : une pratique millénaire dans le monde arabe
Dans le monde arabe, le dessin, qu’il soit ou non figuratif, n’est pas nécessairement soumis à une influence de l’Occident. Contrairement à la peinture de chevalet – une nouveauté apparue au XIXe siècle –, sa pratique y a été constante et s’appuie sur l’excellence des arts du livre, dont l’essor débute un millénaire plus tôt.
Faut-il rappeler que le papier est parvenu en Occident par l’intermédiaire du monde arabe ? Or, dans ce monde, le papier a constitué un support privilégié de l’expression de la pensée aussi bien religieuse (texte coranique, exégèse, droit musulman) que scientifique et littéraire. Il a permis aux sciences dites « arabes », car elles s’exprimaient dans cette langue, de prendre leur essor et de connaître une large diffusion. Les premières représentations figuratives connues (hormis les dessins de Fustât déjà mentionnés) apparaissent dans les traités manuscrits de sciences et de mécanique au XIe siècle...