Revue des Mondes Musulmans et de la Méditerranée

Remmm 141 : Par-delà le théâtre européen de 14-18. L’autre Grande Guerre dans les mondes méditerranéen et musulman Juin 2017 - Sous la direction de Julie d’Andurain & Cloé Drieu

, par Mohammad Bakri


Revue des Mondes Musulmans et de la Méditerranée


« Supposons que l’Allemagne, la France et l’Angleterre aient, à elles seules, composé le monde entier, supposons qu’il n’y ait eu, sur la surface du globe, que ces trois pays et, tout autour, les mers profondes. Auraient-elles fait la guerre ? »… « La guerre se communiqua d’Est en Ouest ; c’est l’Orient qui l’imposa à l’Occident ». Elie Halévy nous invite ici à renverser notre perspective de la Grande Guerre, généralement focalisée sur son théâtre européen, pour s’intéresser à l’Orient. Aussi, dans le cadre de ce dossier de la Remmm, nous souhaitons attirer l’attention des chercheurs travaillant sur le monde musulman pendant la Première Guerre mondiale, des Balkans à l’Asie centrale en passant par le Caucase, de l’Empire ottoman au Maghreb en passant par l’ensemble du Moyen-Orient.

Au regard de l’histoire de ces régions, il est évident que le cadre chronologique « 14-18 », déterminé par la logique de déclarations de guerre / traités de paix, n’est pas pertinent pour comprendre les enjeux du premier conflit mondial dans ces espaces. Il convient alors de considérer une chronologie élargie, en s’interrogeant d’abord sur les premières crises locales et leurs enjeux militaires et stratégiques qui constituèrent autant de préludes à la Grande guerre, avec notamment la guerre italo-turque de 1911 et les guerres balkaniques. Ces premières crises majeures, qui marquent l’essoufflement de la course impérialiste aux marges des puissances et empires européens, modifient de façon notoire les équilibres régionaux en Méditerranée, dans les Balkans et au Proche-Orient (projet d’annexion de l’Égypte par les Anglais dès 1908, projets de « Grande Syrie » en France, chemin de fer de Bagdad côté allemand). Ensuite, la Première Guerre mondiale est bien évidemment porteuse en son sein de ruptures et de crises dans les espaces, entre autres, musulmans : les empires entraînent leurs possessions territoriales dans la guerre par la mobilisation générale ou une mobilisation partielle différée ou bien celles-ci deviennent directement le théâtre de conflits et de fronts à part entière. Enfin, du fait de la contestation des traités de paix par la négociation et par la guerre, le « terme 1918 » ne permet pas non plus de cerner la fin du conflit ; les questions de « sorties de guerre » et de pacification des sociétés doivent être abordées du point de vue de la rive sud de la Méditerranée car le premier conflit mondial se prolonge par exemple dans l’Empire ottoman par la « guerre de Libération » (jusqu’en 1923) pour donner naissance à la Turquie moderne ou dans l’Empire russe avec la guerre civile ; en ce qui concerne l’Asie centrale et le Caucase, la violence se pérennise par des périodes de guérillas antisoviétiques jusqu’à la fin des années 1920.

Ainsi, pour comprendre l’importance et la signification de la Première Guerre mondiale dans le monde musulman, nous proposons de réfléchir selon ces trois moments de recherche afin de rompre avec le cadre « 14-18 » et surtout pour mieux cerner les ruptures et trajectoires propres aux zones considérées...

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