L’Insulte de Ziad Doueiri : de la Mémoire et de la dignité
Ziad Doueiri, qui avait marqué l’histoire du cinéma libanais avec West Beirut (1998), nous revient avec l’Insulte 2017, un film remarquable qui brise les tabous de la mémoire libanaise et transcende les frontières nationales par ses qualités cinématographiques.
Plongée dans les chapitres interdits de la mémoire collective libanaise
L’Insulte, ce sont quelques mots proférés par Yasser Salameh à Toni Hanna lorsque ce dernier lui fait tomber de l’eau sur la tête depuis son balcon du quartier de Fassouh, à Beyrouth. L’incident est banal. Sauf que Yasser Salameh, contremaître de chantier, est un réfugié palestinien, et Toni Hanna un fervent partisan des Forces Libanaises. Lorsque Yasser refuse de s’excuser, le conflit prend de plus en plus d’ampleur, jusqu’à mener les deux hommes au tribunal : c’est l’affaire numéro 23.
Tandis que Yasser et Toni luttent pour recouvrer leur dignité, c’est le pays tout entier que les deux hommes vont mener à la Cour pénale, ravivant les plaies toujours ouvertes de la guerre civile libanaise (1975-1990). Dans un auditoire scindé en deux, certaines scènes d’affrontement sont particulièrement frappantes. Nous sommes bien en 2017 mais il semble, comme l’affirme le personnage de Toni, que nous soyons « toujours en guerre ». C’est cette réalité qui, pour le spectateur libanais, fait l’effet d’un coup de poing.
Avec l’Insulte, Ziad Doueiri nous plonge ainsi dans les chapitres interdits de la mémoire collective libanaise. C’est en fait la première fois que le cinéma libanais aborde de façon aussi franche le thème de la réconciliation nationale. Car, dans le Liban d’après-guerre, le travail de mémoire – préalable à toute réconciliation – a été confisqué au peuple, par une foulée d’acteurs, dont les intérêts auraient été franchement heurtés par la mise en place d’une enquête officielle ou d’une commission nationale de réconciliation. Mais aussi par les Libanais eux-mêmes, emprisonnés dans les mêmes logiques et les mêmes affiliations partisanes que celles qui les ont poussés, il y a maintenant 42 ans, à prendre les armes.
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