Article de Marwan Rashed, Les débuts de la philosophie moderne (VIIe-IXe siècle), In Les Grecs, les Arabes et nous Enquête sur l’islamophobie savante

, par Mohammad Bakri


Les clés du Moyen-Orient


Les clés du Moyen-Orient
Article de Marwan Rashed, Les débuts de la philosophie moderne (VIIe-IXe siècle), In Les Grecs, les Arabes et nous, Enquête sur l’islamophobie savante, ouvrage collectif sous la direction de Philippe Büttgen, Alain de Libera, Marwan Rashed et Irène Rosier-Catach
Article publié le 08/01/2014


Compte rendu de Sixtine de Thé

L’ouvrage d’où est extrait cet article se présente, comme son titre l’indique, comme une enquête sur l’islamophobie savante, réaction d’abord à l’ouvrage publié par Sylvain Gouguenheim (spécialiste de l’Allemagne médiévale) et intitulé Aristote au Mont Saint-Michel (2008, Editions du Seuil) qui se targue de présenter les « racines grecques de l’Europe chrétienne » contre l’historiographie traditionnelle qui met en valeur le rôle majeur du monde musulman dans la transmission de l’héritage grec antique. C’est donc contre ce type de savoir vulgarisé et de « langage culturel du refus de l’Histoire » qu’écrivent ces divers médiévistes, qu’ils soient philosophes, historiens ou linguistes.

L’article de Marwan Rashed, Les débuts de la philosophie moderne (VIIe-IXe siècle), se concentre sur la place et l’interprétation du corpus grec et en particulier l’héritage aristotélicien par les penseurs de l’Islam médiéval. Cet helléniste et spécialiste d’Aristote revient ici sur une histoire doctrinale de la philosophie qui a sans doute sous-évalué l’apport de la philosophie arabe, pour rétablir ce qui est selon lui une juste lecture de ces influences diverses. Il articule sa thèse autours de plusieurs affirmations, plusieurs piliers de réflexions : l’importance du kalâm pour la philosophie islamique, la prise en compte non d’un corpus grec en tant que tel mais plutôt une réaction des auteurs en fonction des problèmes posés, le fait que pour la philosophie islamique comme pour de très nombreuses écoles de pensée la référence grecque soit fondamentale et que les autres influences, bien que présentes, soient secondaires, et enfin que l’âge d’or de la philosophie islamique corresponde comme en Grèce à celui des mathématiques. Il résume ainsi son point de vue sur « l’histoire de la philosophie islamique (qui) est celle des transformations opérées à l’intérieur de certains corpus de philosophie grecque, dans le contexte d’un développement sans précédent de la théologie rationnelle et des sciences mathématiques, « à la mesure de la modernité classique » ». L’originalité de sa démarche tient au fait qu’il inverse le rapport d’influence en quelque sorte, ne se limitant pas à examiner le point du legs grec sur la philosophie arabe, mais qu’il examine les questions posées par les philosophes de l’Islam médiévale et les réponses que l’interprétation du corpus grec a pu leur apporter. Il propose alors par l’analyse de ces différentes questions une nouvelles périodisation de l’histoire de la philosophie arabe.

Lire l’article sur le site Les clés du Moyen-Orient


Les clés du Moyen-Orient propose aux internautes des informations et des expertises scientifiques, rigoureuses et en temps réel sur l’Histoire et l’actualité du Moyen-Orient.


Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)