13ème Université d’Été Langues du GFEN Du 20 au 23 août 2021 à l’école du Centre de Vénissieux

, par Mohammad Bakri

La place du linguistique dans le développement de l’autonomie langagière

Apprendre une langue étrangère implique avant tout de s’engager dans des échanges langagiers fondés sur des rapports de coopération : il s’agit de parler et d’écrire une langue pour l’apprendre – et non plus de l’apprendre pour la parler et l’écrire ; la communication implique une action : il ne s’agit plus de "faire des phrases" mais de produire des discours, oraux et écrits, pour agir avec d’autres, engendrer un effet, transformer quelque chose. L’apprenant·e est un usager de la langue et un acteur social dont on attend qu’il développe son autonomie langagière, qu’il se rende capable de faire un usage autonome et spontané de la langue.

Le développement de l’autonomie langagière suppose, pour l’apprenant.e, d’accepter la confrontation à l’inconnu, à l’incertitude, la capacité à prendre des initiatives et des risques, à utiliser des moyens qu’il.elle ne maîtrise pas encore afin de se rendre capable de les utiliser, à s’engager dans un processus d’autonomisation dont l’objectif est de parvenir, progressivement, à exercer sa responsabilité d’apprenant (Holec, 1988) et à piloter son propre apprentissage.

Indéniablement, c’est à travers l’interaction avec les autres –plus compétents ou pairs —que l’apprenant se construit le système linguistique et socio-culturel d’une langue étrangère. Pour autant, cette priorité à la communication, à l’interaction et à l’action doit-il forcément occulter la part incontournable de l’apprentissage du système linguistique à proprement parler ?

Victimes, comme d’autres « entrées » répertoriées en Didactique des langues, du mouvement de balancier décrit par Puren (1994 : 40), le vocabulaire et la grammaire sont de retour dans la classe aujourd’hui, et ce, d’autant plus fort qu’ils répondent aux attentes communes des élèves, parents et enseignants. Mais si l’étude du vocabulaire et de la grammaire procurent, le plus souvent, un sentiment de sécurité, on sait qu’elle entretient, également, l’illusion que l’on est, grâce à cela, outillé solidement pour parler une langue. D’autant que le vocabulaire et la grammaire « reviennent » souvent sous leur forme la plus expositive —listes à apprendre, règles à mémoriser et à appliquer —, même si les textes officiels plaident pour un vocabulaire en contexte et une grammaire du sens, inscrits dans des situations de communication et pour des activités de réflexion à proposer aux apprenants.

Un certain savoir lexical et grammatical ainsi que des descriptions grammaticales sont inévitables dans une classe de langue et constituent une composante indispensable dans le processus d’enseignement/apprentissage et dans l’interaction entre les deux. Mais pour acquérir une langue, on ne « commence » pas par acquérir sa grammaire : un savoir ne s’acquiert pas en-dehors de ses conditions d’utilisation. La question n’est donc pas « Faut-il faire de la grammaire ou du vocabulaire ? » mais « Dans quelles conditions est-il possible de mener à bien ce travail ? »...

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