Pratiquer les sciences sociales au Maghreb. Textes pour Driss Mansouri, avec un choix de ses articles Almoubaker Mohamed et Pouillon François (dir.)

, par Mohammad Bakri


Almoubaker Mohamed et Pouillon François (dir.), Pratiquer les sciences sociales au Maghreb. Textes pour Driss Mansouri, avec un choix de ses articles, Fondation du Roi Abdul-Aziz Al-Saoud, Casablanca, 2014, 595 p. de texte en français et en anglais + 114 p. en arabe ; disponible en ligne sur le site du CJB (Rabat) : Maktabat al-Maghreb (http://books.openedition.org/cjb/)


Pierre Guichard


C’est l’ensemble des « sciences humaines et sociales », et surtout leur pratique au Maroc depuis l’indépendance, qui sont concernées par cet ouvrage d’hommage à Driss Mansouri, disparu en 2012. Les directeurs en sont respectivement professeur d’histoire ancienne à l’Université de Fès, et anthropologue à l’EHESS (directeur, on le sait, de l’utile Dictionnaire des orientalistes de langue française).

2Le choix des textes du même Driss Mansouri republiés dans l’ouvrage est bienvenu. Peu accessibles jusqu’ici au public français, ils constituent une très utile introduction aux débats dans le royaume chérifien au cours du demi-siècle qui a suivi l’indépendance.

3Mais ce sont principalement des « parcours de chercheurs », dans leur variété et leurs « sinuosités », qui constituent ce livre et lui donnent son originalité. Ainsi Abdelahad Sebti explique-t-il que c’est en traduisant en arabe, aux débuts de sa carrière, un texte de l’africaniste Henri Moniot, qu’il prit conscience de l’intérêt pour l’histoire de la mémoire orale, ce qui allait l’amener à croiser ces témoignages avec les consignations écrites dans plusieurs travaux. L’activité d’un chercheur en sciences humaines, et en particulier en anthropologie, peut ne pas se séparer de façon tranchée des autres dimensions de sa vie. Ainsi Jean-Philippe Bras, qui a effectué divers séjours au Maghreb, sous le titre « Parties de chasse (et sciences sociales) au Maghreb », évoque-t-il ses expériences tunisiennes et marocaines assorties d’analyses ouvrant à un « terrain » maghrébin auquel les Européen n’ont plus guère l’occasion de se confronter. La contribution de Daniel Rivet évoque trois témoignages donnés par des universitaires lyonnais ayant participé à la guerre d’Algérie, dont celui de l’ethnologue disparu Jean Métral, qui, ayant été sous-lieutenant de chasseurs alpins en Kabylie entre 1956 et 1958, montrait comment, entre les hommes de son unité, paysans majoritairement originaires de Haute Savoie, et les montagnards de la région qu’ils devaient contrôler, s’étaient noués des liens très étonnants pour ses « auditeurs juvéniles qui n’entendaient parler de la guerre que sous l’angle des exactions et des atrocités ».

Lire la suite sur le site de la Revue des Mondes Musulmans et de la Méditerranée (REMMM)

Référence électronique
Pierre Guichard, « Almoubaker Mohamed et Pouillon François (dir.), Pratiquer les sciences sociales au Maghreb. Textes pour Driss Mansouri, avec un choix de ses articles, Fondation du Roi Abdul-Aziz Al-Saoud, Casablanca, 2014, 595 p. de texte en français et en anglais + 114 p. en arabe ; disponible en ligne sur le site du CJB (Rabat) : Maktabat al-Maghreb (http://books.openedition.org/cjb/) », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée [En ligne], Lectures inédites, mis en ligne le 17 février 2015, consulté le 19 février 2015. URL : http://remmm.revues.org/8957

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