Magazine Moyen-Orient n° 28, Octobre-Décembre 2015 Les Etats-Unis au Moyen-Orient

, par Mohammad Bakri

Tous les trois mois, découvrez dans Magazine Moyen-Orient, les meilleures analyses sur le monde arabo-musulman accompagnées de nombreuses cartes et illustrations.

Par Guillaume Fourmont

Avec l’arrivée de milliers de réfugiés venus de Syrie, les citoyens européens découvrent presque avec étonnement la réalité d’une guerre qui semblait, depuis maintenant plus de quatre ans, si lointaine, dans ce Moyen-Orient dit « compliqué » et qu’on aime ignorer. Au même moment, les dirigeants politiques se demandent encore si Bachar al-Assad est le problème ou la solution. Les Syriens n’ont-ils pas été clairs dès 2011 ? Le dictateur n’est-il pas devenu un simple chef de milice prêt à toute forme de violence pour garder son territoire ? Une partie de la Syrie n’est-elle pas tombée dans l’obscurantisme d’un groupe terroriste ? Des questions auxquelles la diplomatie américaine peine à répondre sans ambiguïté.

Accusé de tous les maux, y compris par certains d’être un terroriste islamiste en raison de son second prénom (Hussein), celui qui fut élu avec le slogan « Yes We Can » a en effet déçu. Peu après son arrivée à la Maison Blanche, en janvier 2009, Barack Obama promettait de nouvelles relations avec un monde arabo-musulman affecté par les attentats du 11 septembre 2001 et par la diplomatie belliqueuse de George W. Bush (2001-2009). Au terme de ses deux mandats, il a tenu certaines promesses : la fin d’Oussama ben Laden et de l’occupation américaine en Irak, et un accord sur le nucléaire avec l’Iran. Des victoires importantes, certes. Mais il a aussi appuyé Abdel Fattah al-Sissi en Égypte, à défaut de laisser parler la démocratie, et donne carte blanche à l’Arabie saoudite. Surtout, il commence à considérer l’organisation de l’État islamique comme un problème secondaire. Barack Obama sera-t-il le président américain qui, sans pouvoir se désengager du Moyen-Orient, aura perdu celui-ci ? Les sirènes de l’Asie-Pacifique auront beau chanter, abandonner la région est impossible tant l’avenir de millions d’individus, ainsi que celui de nos propres démocraties, reste lié à cette partie du monde.

Un avenir que les hommes de Daech envisagent déjà noir, couleur de leur drapeau. Leur simple présence soulève de nombreuses questions, comme les configurations géographiques et étatiques. Le lecteur assidu de Moyen-Orient aura remarqué que ce numéro est en quelque sorte double, avec un second dossier entièrement consacré à la notion de frontière au Moyen-Orient, appuyé par des exemples concrets. Il fait ainsi écho au centenaire des fameux accords Sykes-Picot, signés en mai 1916, et au colloque organisé pour l’occasion à la mairie de Paris, le 12 octobre 2015.

Retrouvez la rédaction de Moyen-Orient pour un débat sur la diplomatie américaine dans les pays arabes, à l’Institut de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (IREMMO) de Paris, le 13 octobre 2015 à 18h30.

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