Le Moyen-Orient dans la Première Guerre mondiale (1914-1918)

, par Mohammad Bakri


Les clés du Moyen-Orient
Par Emilie Polak
Article publié le 13/05/2014


L’année 2014 marque en France le début des célébrations du centenaire de la Première Guerre mondiale. Une mission interministérielle est chargée de commémorer, de 2014 à 2018, les grands événements qui ont marqué la Première Guerre mondiale. Dans le cadre du cycle de commémoration de la Grande Guerre, on peut se pencher sur la place du Moyen-Orient au cours de ce premier conflit mondial.

Si les motifs exacts d’entrée en guerre sont encore discutés par les historiens, il est certain en tout cas que l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand le 28 juin 1914 a cristallisé des tensions, déjà existantes entre les pays européens depuis la fin du XIXème siècle. En août 1914, le jeu des alliances précipite l’Europe dans la guerre. A cette époque, les puissances européennes possèdent des Empires dans le reste du monde, en particulier en Afrique et en Asie. Les enjeux coloniaux sont cruciaux puisque les colonies fournissent hommes et nourritures pour alimenter l’effort de guerre. Dans ce contexte colonial, le Moyen-Orient présente une particularité. En effet, une grande partie de cet espace est sous le contrôle de l’Empire ottoman. Considéré depuis la moitié du XIXème siècle comme « l’homme malade de l’Europe » [1], l’Empire ottoman est considérablement affaibli, en particulier aux marges de ses territoires. Ainsi, par exemple, l’Egypte appartient officiellement à l’Empire ottoman mais est en réalité sous influence anglaise depuis 1882. Le pays devient d’ailleurs un protectorat britannique en 1914. Le Moyen-Orient est partagé entre Empire ottoman et influences britannique, française, russe et de plus en plus allemande. Quel fut le rôle du Moyen-Orient pendant la Première Guerre mondiale ? En quoi la guerre a-t-elle modifié les enjeux géopolitiques de cette région ?

Les enjeux européens au Moyen-Orient

Hormis un territoire indépendant correspondant plus ou moins à l’actuelle Arabie saoudite, le Moyen-Orient est partagé entre Empire ottoman au Nord (Turquie, Syrie actuelle) et possessions britanniques au sud de la péninsule arabique (protectorat d’Aden, Mascate et Oman et Trucial Oman). A l’est, dans le Caucase, l’Empire ottoman est limité par une zone d’influence russe, et, à l’ouest, par l’omniprésence britannique en Egypte. Les marges de cet Empire, autrefois très vaste, sont donc peu à peu grignotées par des empires voisins (russes et britanniques). Souhaitant retrouver sa grandeur passée, l’Empire ottoman s’allie secrètement à l’Allemagne en 1914. Les Ottomans s’engagent à soutenir l’empire allemand en cas d’attaque russe. Au cours des décennies précédant la guerre, les Ottomans avaient signé une alliance avec la France et l’Angleterre. Les deux pays devaient assurer la protection de l’Empire ottoman contre la Russie. Cependant, cette alliance s’est révélée moins intéressante que prévu pour l’Empire ottoman. En échange de leur protection face à l’empire russe, les Français ont placé la Tunisie sous protectorat, tandis que les Britanniques occupent militairement l’Egypte. Ainsi, au cours des années 1880, l’Empire ottoman a perdu une bonne partie de ses territoires à l’ouest, au profit de puissances européennes. C’est pourquoi, en 1914, c’est vers l’Allemagne que se tournent les Ottomans. Ils deviennent membre de la Triple Alliance aux côtés de l’Allemagne, de l’Empire Austro-hongrois et du Royaume d’Italie. La Triple Alliance combat la Triple Entente (France, Royaume-Uni et Empire russe) pendant la Première Guerre mondiale. C’est ainsi que, par le jeu des alliances, l’Empire ottoman entre dans la guerre et avec lui ses possessions territoriales.

Toutefois, s’il y a bien une alliance diplomatique entre l’Empire ottoman et la Triple Alliance, la France et le Royaume-Uni bénéficient d’une influence économique et commerciale dans cet espace. En effet, industriels français et britanniques ont soutenu financièrement l’effort de modernisation de l’Empire ottoman à la Belle Epoque. C’est pourquoi, lorsque l’Empire ottoman lance de grandes offensives, en 1914, en Egypte et dans le Caucase, celles-ci se soldent par des échecs, pour deux raisons. D’abord, l’Empire ottoman espérait qu’en rejoignant la Triple Alliance, les musulmans vivant dans les colonies des pays de l’Entente (France et Royaume-Uni notamment) se révolteraient et rejoindraient la Triple Alliance, ce qui aurait considérablement affaibli ces empires coloniaux européens. Cependant, il n’y eut pas de révoltes massives comme l’avaient espéré l’Empire ottoman. Ensuite, l’Empire ottoman n’a pas les moyens financiers de soutenir une politique de conquête aussi ambitieuse, d’autant plus que les capitaux investis par les industriels européens dans la modernisation du pays ont été retirés, l’Empire ottoman étant devenu un ennemi. Aussi, l’Empire est ravagé par des épidémies et par la famine. Le mécontentement des populations de l’Empire ottoman ne fait que croître au cours de la Grande Guerre. Des révoltes éclatent un peu partout.

Ainsi, au cours de la Première Guerre mondiale, l’existence même de l’Empire ottoman est remise en question par les événements internationaux. L’Empire est menacé à l’ouest par les Britanniques qui détiennent l’Egypte et au nord par les Russes qui ont une grande influence dans le Caucase. En outre, les Ottomans étant alliés à l’Allemagne, la Grande-Bretagne qui occupait militairement l’Egypte depuis 1882 établit en représailles un protectorat et officialise sa possession du pays. A l’intérieur de l’Empire ottoman, les difficultés financières plongent le pays dans une crise frumentaire. Des causes internes s’ajoutent donc aux événements internationaux pour contribuer à la chute de l’Empire ottoman au cours de la Première Guerre mondiale...

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