La conquête arabe de l’Egypte

, par Mohammad Bakri


Les clés du Moyen-Orient


Les clés du Moyen-Orient
Par Emilie Polak
Article publié le 03/03/2014


Mahomet (محمّد en arabe) est le fondateur de l’Islam. Il est né à La Mecque en 570 après Jésus-Christ et serait mort à Médine en 632. En 610, alors qu’il s’est retiré dans une grotte aux environs de La Mecque, Mahomet entend une voix, celle de l’ange Gabriel qui lui demande de « réciter » la parole de Dieu.

Peu à peu, Mahomet fait part de ses révélations et est rejoint par de nombreuses personnes. En 622, Mahomet et ses partisans quittent La Mecque pour l’oasis de Yathrib, l’ancien nom de la ville de Médine. Cet événement que l’on appelle l’Hégire est très important parce qu’il marque le début du calendrier musulman. Par ailleurs, l’Hégire souligne le rôle prophétique de Mahomet qui consiste à faire connaître la parole de Dieu. Ainsi, l’Islam rassemble de plus en plus de fidèles : à la mort de Mahomet, en 632, la péninsule arabique est majoritairement islamisée.
D’après le Coran, Mahomet aurait envoyé des ambassadeurs pour appeler les pays voisins à se convertir à l’Islam. Le gouverneur des Coptes en Egypte, Muqawqas, aurait reçu une lettre l’enjoignant à la conversion. Cependant, cette lettre demeure sans réponse et c’est par une expédition militaire, entamée après la mort du prophète, que commence la diffusion de l’Islam en Egypte. Les historiens ont souligné la rapidité de la conquête arabe. Cette rapidité s’expliquerait par la conjugaison de deux facteurs, à savoir le génie militaire des Arabes et l’affaiblissement des Empires qu’ils eurent à affronter. En effet, l’Empire byzantin auquel appartient l’Egypte est en récession. A la rapidité de la conquête, s’ajoute un phénomène d’arabisation de la société égyptienne, phénomène qui se manifeste dans différents domaines.

L’expansion arabe vers l’Egypte

Longtemps avant l’arrivée des Arabes, l’Egypte a cessé d’être autonome politiquement. Elle est annexée à l’Empire romain après la bataille d’Actium, puis à l’Empire byzantin, en 330. Ce n’est donc pas un Etat souverain que les Arabes conquièrent mais la riche province d’un Empire. En effet, l’Egypte, depuis l’Antiquité, est une terre fertile et sa domination permet l’acquisition d’une certaine sécurité alimentaire. Grenier à blé du bassin méditerranéen, l’Egypte suscite la convoitise de ses voisins.
C’est dans ce contexte qu’en 638, quatrième année du règne du calife Omar, qu’un congrès se réunit en Palestine. Le calife, venu de Médine, préside ce conseil de guerre au cours duquel est décidée la conquête de l’Egypte. La promesse d’un riche butin ainsi que le zèle religieux des Arabes expliquent, d’après Gaston Wiet, cette décision et son application rapide. En effet, dès l’année suivante, en 639, la campagne militaire visant à conquérir l’Egypte commence. Elle est confiée au général Amr Ibn El-As. Compagnon de Mahomet, celui-ci entame la conquête de l’Egypte par l’ancienne route de la Syrie. C’est-à-dire qu’il conquiert d’abord Péluse (Basse-Egypte), Babylone d’Egypte près des ruines de la ville antique de Memphis, avant de s’attaquer à Alexandrie, capitale des Byzantins et ville dans laquelle ils se sont repliés. La légende attribue au général Amr Ibn El-As l’incendie qui a brûlé les derniers manuscrits de la bibliothèque d’Alexandrie. Cependant, comme l’a démontré Gaston Wiet dans son Histoire de la Nation égyptienne, l’incendie est antérieur à l’arrivée des Arabes à Alexandrie, ceux-ci ne pouvant donc pas être impliqués dans la perte des ouvrages. Enfin, après avoir pris Alexandrie, Amr Ibn El-As s’empare de la Basse-Egypte puis de la Nubie. En 641, l’Egypte est conquise. Les Byzantins parviennent à reprendre Alexandrie en 643 mais doivent à nouveau céder la ville en 646. La fulgurance de l’expédition s’explique sans doute par les motivations arabes mais aussi par le fait que les Byzantins étaient persuadés que l’expédition n’était pas une entreprise de conquête mais une razzia. Enfin, l’aide apportée aux Arabes par la population égyptienne locale n’est pas à négliger. En effet, les Coptes – dont le mot tire son origine de l’arabe qibt, une forme abrégée et altérée du grec Aïgyptios qui signifie « égyptien » - excédés par la longue occupation byzantine, ont laissé faire les Arabes dans leur entreprise de conquête. Gaston Wiet écrit à ce sujet que les Arabes « profitèrent des tendances séparatistes agressives de la population chrétienne qui ne se trouvait aucun lien de solidarité avec les maîtres byzantins, dont elle ne parlait pas la langue ni ne partageait intégralement les croyances. Les autochtones acceptèrent donc avec indifférence, sinon avec soulagement, les stipulations d’un accord, anodines en apparence, qui ne modifiaient guère leur statut et paraissaient même l’améliorer. »

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