Jerash - Jordanie جرش - الأردن

, par Mohammad Bakri


Les clés du Moyen-Orient


Les clés du Moyen-Orient
Par Delphine Froment
Article publié le 17/12/2014


La ville de Jerash, en Jordanie, est considérée comme l’un des sites de la Rome antique les mieux conservés du Proche-Orient. D’ailleurs, bien qu’elle soit située dans une vallée, et non à proximité d’un volcan, on la surnomme parfois « Pompéi du Moyen-Orient » du fait du niveau de préservation et de la taille de la cité.

Située aujourd’hui à 48 km au nord de la capitale Amman, elle appartenait à la Décapole, et semble avoir été l’une des villes les plus importantes de ce groupement. De par son emplacement géographique et son histoire dans l’Antiquité, Jerash a connu de nombreuses influences, comme le montre le nom de la ville, qui a évolué selon les époques : « Garshu » pour ses premiers habitants sémitiques, on la retrouve dans les sources grecques et latines sous le même nom, mais hellénisé en « Gérasa », avant que les Arabes ne la nomment « Jerash », dont le nom perdure jusqu’à aujourd’hui.

La fondation de la ville : des origines prestigieuses ?

La question des origines de la ville reste encore sans réponse. Il semblerait que sous le règne de l’empereur romain Caracalla (188-217), la cité ait cherché à embellir son passé en prétendant avoir été fondée par Alexandre le Grand, comme cela peut se lire sur une monnaie frappée alors : « Alexandre le Macédonien, fondateur de Gérasa ». Mais les travaux archéologiques sur les vestiges hellénistiques n’ont pour l’instant pas pu faire remonter les origines de la ville au-delà du IIe siècle avant J.-C.

Les différents toponymes qui lui sont attribués brouillent un peu plus nos connaissances : la ville aurait hérité son nom « Antioche du Chrysorrhoas » du règne d’Antiochos IV, de la dynastie hellénistique des Séleucides (215-163 av. J.-C.) ; pourtant, jusqu’au IIe siècle apr. J.-C., elle n’aurait utilisé que son nom sémitique « Gérasa » ; et Flavius Josèphe, le premier historien antique à avoir évoqué la cité, la nomme sous ce nom sémitique. Faut-il interpréter cette persistance du nom de « Gérasa » parce qu’une puissante et célèbre ville aurait précédé Antioche du Chrysorrhoas ? A priori, non, car aucune trace n’a été retrouvée d’une forte occupation antérieure. Et pourtant, le toponyme sémitique tend à prouver qu’une agglomération, d’une certaine notoriété, existait déjà avant la fondation de la ville hellénistique.

Une cité au carrefour des identités

L’hellénisation du nom sémitique de « Garshu » en « Gérasa » et l’onomastique de ses habitants (d’après les sources littéraires et épigraphiques) attestent de l’identité grecque de la ville. Une idée qui se trouve renforcée avec le culte du dieu Zeus et de la déesse Artémis, qui dominent le panthéon de la cité.

Et pourtant, de par sa situation géographique, Gérasa se développe dans un environnement sémitique, voire arabe (avec l’arrivée des Nabatéens au nord de la Jordanie au IIe siècle av. J.-C.). Le dieu arabique Paqeidas (« le surveillant, le gardien ») y est d’ailleurs vénéré. Maurice Sartre remarque également que le nom de certains notables trahissent une origine indigène : « aussi, malgré le peu de témoignages relatifs à la partie sémitique de la population, la ville ne diffère peut-être pas autant qu’elle le prétend de ses voisines de l’est et du nord. »

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