Handala : l’icône de la résistance palestinienne

, par Mohammad Bakri


Les clés du Moyen-Orient
Par Mélodie Le Hay
Article publié le 05/05/2014


« Il a tout d’abord été un enfant de Palestine pour ensuite devenir un enfant arabe et un enfant de l’Humanité »
(Naji Salim Hussein Al-Ali)

C’est l’histoire des Palestiniens et du conflit israélo-arabe. C’est l’histoire de Handala, jeune garçon de 10 ans aux mains serrés et aux cheveux hérissés qui tourne le dos aux spectateurs parce qu’il se sent trahi. C’est l’histoire d’une indignation face à une situation vécue comme une injustice, mais plus que tout c’est l’histoire d’un combat, celui d’un enfant qui refuse de grandir pour ne pas se résigner, qui refuse de baisser les bras devant l’adversité. Handala incarne les souffrances et les espérances de son créateur, le dessinateur Naji Al-Ali et, à travers lui, celui du peuple palestinien. Handala n’acceptera de se retourner que lorsque son peuple aura un Etat. Depuis sa naissance dans les années 60, son combat n’a pas pris une ride.


Naji Al-Ali : sa vie, son combat


« La Palestine est une de mes principales indignations. Les dessins de Naji Al-Ali la justifient et la renforcent. Sans doute parce qu’ils portent l’histoire des réfugiés palestiniens, ceux dont le sort est le plus incertain, bien qu’ils soient la racine de cette douloureuse et injuste histoire. Mais Naji Al-Ali, c’est aussi une création, et donc une résistance vivante. La puissance de sa non-violence l’a tué. Mais son espérance n’en est que plus à venir. » (Stéphane Hessel, ancien ambassadeur de France, auteur de Indignez-vous !)

Qui est Naji Al-Ali ?

Vers 1937, année de sa naissance, Al-Shajara est encore un village palestinien situé dans le district de Tibériade, en Galilée, entre Nazareth et Tibériade. En mai 1948, après plusieurs jours de combat, l’armée israélienne s’empare et détruit le village, dont seules quelques décombres subsistent aujourd’hui, comme en témoigne l’historien Palestinien Walid Khalidi en 1992 : « les ruines des maisons et des barres d’acier brisées dépassent des lits de végétation sauvage. Un côté d’une porte voûtée tient toujours ». Al-Shajara est l’un des près de 500 villages à avoir été détruits pendant la « Nakba » (catastrophe), et le jeune Naji, alors âgé d’une dizaine d’années, se trouve parmi ceux qui fuient les combats, parmi les plus de 750 000 réfugiés palestiniens qui ont abandonné plus de la moitié de leur terre aux Israéliens. Lui et sa famille trouvent refuge au camp d’Aïn Al-Helwa, près de Saïda dans le sud Liban. Cette expérience marque sa vie et son œuvre jusqu’à sa mort : « De ces regards dans les yeux de nos mères et pères qui ne parlaient pas de faits, mais exprimaient une tristesse qui était la langue dans laquelle nous découvrions le monde, un langage de la colère qui trouve parfois son débouché dans le discours, parfois dans les actes. La plupart des garçons et des filles de la génération des années cinquante, à laquelle j’appartiens, a ressenti un profond sentiment d’abattement ».

Parallèlement à ses études en mécanique et en génie électrique dans un institut professionnel de Tripoli et à son activité d’ouvrier saisonnier agricole, il ne tarde pas à s’exprimer sur ce qu’il considère comme une injustice : dessiner sur les murs et les sols du camp de réfugiés, improviser avec ses camarades des pièces de théâtre prenant pour sujet la Palestine et la vie des réfugiés, manifester avec les membres du Mouvement des nationalistes arabes (actes pour lesquels il se fera plusieurs fois arrêter), tous les moyens sont bons.

Après une brève expérience à Djeddah, en Arabie saoudite, où il travaille comme tourneur de 1957 à 1959, il rentre au Liban où il décide de reprendre des études artistiques à l’Académie libanaise d’art en 1960. Cette expérience sera de courte durée. Sa participation dans le journal politique manuscrit Al-Sarkha (le cri), avec certains membres du Mouvement nationaliste arabe dont il a rejoint les rangs, lui vaut un bref séjour en prison. A sa sortie, il part pour l’école Jaafarite de Tyr où il enseigne le dessin pendant deux ans. C’est à cette période que sa vie bascule. L’écrivain Ghassan Kanafani (assassiné en 1972), en visite au camp d’Aïn Al-Helwa, remarque ses dessins et décide d’en publier quelques-uns dans le numéro 88 de la revue Al-Hurriya (La Liberté), le 25 septembre 1961...

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