Art et architecture en Egypte pendant le sultanat mamelouk

, par Mohammad Bakri


Les clés du Moyen-Orient


Les clés du Moyen-Orient
Par Emilie Polak
Article publié le 25/03/2014


Les Mamelouks sont à l’origine des esclaves des steppes turques qui constituaient la garde personnelle des sultans ayyoubides. C’est pourquoi, étymologiquement, on constate que le terme arabe mamlûk veut dire possédé.

Les Mamelouks s’imposent en Egypte au cours du XIIIème siècle et mettent en place une société particulière. Ainsi, les classes dirigeantes de la société mamelouke sont composées d’esclaves, capturés dès leur plus jeune âge dans les steppes turques. Ce système permet notamment de contourner l’interdiction pour les musulmans de se faire la guerre entre eux. Outre un système politique spécifique, la domination mamelouke en Egypte s’est caractérisée par l’essor d’un art et d’une architecture encore visibles de nos jours. L’art mamelouk se caractérise notamment par une production architecturale monumentale et par un travail particulier autour du verre et du métal.

L’architecture mamelouke

Les Mamelouks dominent un vaste espace qui s’étend sur l’Egypte et la Syrie entre 1250 et 1517, date à laquelle les Ottomans s’emparent du Caire. L’emprise politique et géographique de la région est soutenue par un rayonnement culturel considérable. En effet, le pouvoir mamelouk s’inscrit aussi dans le paysage visuel de l’époque. De nombreuses constructions témoignent encore de la présence mamelouke en Egypte, comme par exemple le fort Qatbay édifié à l’emplacement du phare d’Alexandrie sous le sultanat d’Al-Achraf Sayf ad-Dîn Qa’it Bay (il a été sultan entre 1468 et 1496). On peut citer également la mosquée de El Nasser Ibn Kalaoun dans la ville du Caire. Construite en 1335, la mosquée comporte des minarets d’influence turque. Le palais bigarré (Qasr al-Ablaq, 1313) et le Grand Iwan (1315) sont bâtis au sud de la ville, où les Mamelouks ont édifié une citadelle.
Plusieurs éléments caractérisent l’architecture mamelouke. Les monuments construits sont souvent de taille imposante afin d’être vus de loin. Ils sont bâtis avec de belles pierres et manifestent un goût prononcé pour l’asymétrie. L’architecture mamelouke est également caractérisée par la présence de bandeaux épigraphiques le long des façades. De longues lignes d’écriture, appelées tiraz, s’étendent sur la longueur des bâtiments. Par ailleurs, l’architecture mamelouke reprend également des éléments caractéristiques de l’art islamique avec un goût pour les dômes et les minarets. De plus, l’intérieur des bâtiments est souvent décoré de mosaïques de verre. Cette influence islamique, majoritaire dans l’architecture mamelouke, s’explique par les rapports étroits entretenus entre les Mamelouks et les Mérinides [1]. En effet, le contexte géopolitique de l’époque éclaire sur les multiples influences de l’architecture mamelouke. Il faut préciser qu’entre les XIII et XVème siècles, les Mongols s’emparent peu à peu de certaines parties de l’empire musulman. L’Egypte des Mamelouks est une barrière face à ces invasions.
Parallèlement à cela, les Mamelouks développent un réseau commercial qui s’étend de la Méditerranée orientale et de la mer Rouge jusqu’aux comptoirs indiens. Le besoin d’esclaves inhérent à la société mamelouke les pousse à entretenir des relations commerciales avec des pays éloignés. Marchands et voyageurs rapportent ainsi des esclaves, des matières premières nécessaires à l’Egypte, mais également divers savoirs appris dans les régions visitées. Parmi ces savoirs, la connaissance de certaines techniques architecturales est essentielle. L’architecture mamelouke emprunte donc certains de ses traits : l’influence iranienne se fait sentir dès les années 1310 avec l’apparition de mosaïques de céramique et de dômes bulbeux. C’est en effet dans le domaine religieux que les architectes mamelouks sont les plus prolifiques.

Cependant, les Mamelouks ne se sont pas contentés de créer de nouveaux bâtiments. Au Caire par exemple, la construction de monuments est liée à une refondation de la ville : un nouvel urbanisme se met en place et c’est la structure même du Caire qui est modifiée. C’est ce qui fascine l’historien mérinide Ibn Khaldoun lors de son arrivée au Caire. Il écrit à cette occasion : « Celui qui n’a pas vu Le Caire ne connaît pas la grandeur de l’islamisme. C’est le trône de la royauté, une ville embellie de châteaux et de palais, ornée de couvents et de collèges, éclairée par la lune et les étoiles de l’érudition ».

Avec son goût pour l’asymétrie, les banderoles épigraphiques et les belles pierres, l’architecture mamelouke a légué de nombreux monuments à la postérité. Encore visible, notamment au Caire, ces édifices se font plus rares dans le reste de l’Egypte et en Syrie. En revanche, les arts décoratifs se retrouvent partout dans le monde mamelouk.

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