Institut de Monde arabe

Qantara n° 87 - Printemps 2013 - Dossier central : « L’Egypte en son miroir. Arts et littératures, XIXe-XXIe siècle » قنطرة - منشورات معهد العالم العربي في باريس

, par Mohammad Bakri


Ce numéro 87 de Qantara, Magazine trimestriel des Cultures Arabes et Méditerranéennes de l’Institut du Monde arabe à Paris, consacre le dossier central à « L’Egypte en son miroir. Arts et littératures, XIXe-XXIe siècle ».

Le dossier de ce numéro porte sur l’Égypte des Égyptiens, en d’autres termes sur la manière dont les Égyptiens ont pensé (et construit) leur moi au cours du XXe siècle. Pharaonisme, arabité et islam : tels furent les trois pôles de cette identité sans cesse revisitée et recomposée au fil des décennies sur fond de tensions entre Orient et Occident. Et cette quête ne fut pas sans conflits violents et vives polémiques. Etabli par Mercedes Volait à l’occasion de l’exposition de l’IMA (« Le Théorème de Nefertiti », du 23 avril au 8 septembre 2013), le dossier donne surtout à voir le monument, la statue, l’image, qui persistent encore çà et là dans un paysage urbain surchargé des signes et des symboles des différentes recompositions politiques et idéologiques. Par contraste, le versant littéraire a laissé moins de traces. On aura beau déplacer une statue au gré des mémoires officielles et collectives, il reste difficile de s’en débarrasser. Le livre, l’écrit, c’est autre chose. A moins de rééditions courantes, il ne pourra subsister qu’en inspirant les jeunes générations. Tel ne fut pas le cas pour tout un courant d’idées et de littérature car, soupçonné de cosmopolitisme en raison de sa polyglossie, il fut frappé d’oubli par le nationalisme triomphant. Ce fut la part la plus fragile de la reconstruction identitaire de la première moitié du XXe siècle. Celle qui a été tôt frappée d’amnésie, victime d’un compromis identitaire qui perdure certes, mais qui demeure fragile. Tout s’est passé, en effet, comme si, après s’être déchirés sur la question de leur identité, les Egyptiens s’étaient fixés sur un dosage d’arabité et d’islam avec un zest de pharaonisme. Quoique toujours instable, comme on le constate aujourd’hui, le consensus n’a eu de cesse d’exclure le mélange et de chanter les louanges de l’authenticité. Au point de pousser jadis des écrivains à partir. On ne méditera jamais assez sur l’exil des idées et des langues.

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 Source de l’information : site de l’Institut du Monde arabe

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