Les journalistes face aux révolutions, par Enrique Klaus

, par Mohammad Bakri

Enrique Klaus, « Les journalistes face aux révolutions. Histoire de la presse égyptienne »
La Vie des idées, 21 octobre 2011
ISSN : 2105-3030.
URL : http://www.laviedesidees.fr/Les-journalistes-face-aux.html
Domaine(s) : Politique
Dossier(s) : Presse et démocratie
Mots-clés : nationalisme, révolution, liberté d’expression, presse, Égypte

Une analyse du rôle de la presse dans la démocratisation de l’Égypte doit tenir compte de la longue histoire des rapports entre journalistes et pouvoir depuis la révolution de 1952. Encadrée, marginalisée, muselée, segmentée, la presse égyptienne a pris en retard le train de la révolution. Pourra-t-elle se faire entendre dans le nouveau régime ?

Les sciences sociales n’ont appréhendé la profession journalistique en dehors des démocraties occidentales qu’en de rares occasions. Parce qu’elle est consubstantiellement liée à la libéralisation de la parole publique, la profession journalistique est souvent associée aux principes démocratiques. Comme le relève Érik Neveu, pour nombre d’analystes, son origine « historiquement liée à la construction des régimes démocratiques » la fait apparaître ipso facto comme « un rouage de la démocratie ». Certains ont été jusqu’à considérer les journalistes comme les acteurs pertinents de la démocratisation, en ce sens qu’ils seraient à même de mettre en mots, voire en œuvre la « transition démocratique ». Or, de telles associations d’idées ne vont pas de soi. Si des sociétés ont pu connaître un moment cathartique de l’expression dont la manifestation la plus tangible fut la multiplication des publications, force est de constater le caractère éphémère et fragile de cet élan d’expression pluraliste.

Le cas de l’Égypte constitue un bon contre-exemple de l’association entre presse et démocratie. Bien qu’elle soit régie depuis au moins 1952 par un système de gouvernance autoritaire, l’Égypte est dépositaire d’une longue tradition journalistique qui se traduit aujourd’hui par une offre large, particulièrement diversifiée lors des dix dernières années du règne de Moubarak. Il s’agira dans ce qui suit de proposer, dans un premier temps, une courte sociohistoire de la presse égyptienne depuis la révolution des « Officiers libres » de 1952, et ce dans la mesure où elle permet d’expliquer la situation actuelle de la presse ; puis d’aborder, dans un second temps, le rôle des différentes composantes de la presse égyptienne lors de ce que les Égyptiens s’accordent à appeler la « révolution du 25 Janvier » 2011.

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