Culture et politique arabes

Le numérique arabe : quelques données et des interrogations Par Yves Gonzalez-Quijano

, par Mohammad Bakri


28 octobre 2014


En guise de billet cette semaine, ces statistiques sur l’utilisation d’Internet publiées en juillet dernier sur le blog de Social4ce, une société qui vend ses services aux entreprises désireuses d’utiliser les médias sociaux dans leur business.

Quelques-unes des données les plus significatives : aujourd’hui, plus de 40 % de la population du Moyen-Orient utilise Internet (2/3 d’hommes, 1/3 de femmes, entre 18 et 24 ans pour 36 % d’entre eux). Parmi ces internautes, ils sont presque 90 % à utiliser les réseaux sociaux quotidiennement. Facebook se taille la part du lion (94 % des utilisateurs des réseaux sociaux qui, pour 24 millions d’entre eux, se connectent à leur page quotidiennement).

Twitter vient derrière, avec 6,5 millions d’utilisateurs (actifs pour plus de 3,7 millions d’entre eux), ce qui fait tout de même 10 millions de tweets par jour. L’Arabie saoudite se distingue, avec 1/3 de la population présente sur cette plate-forme, le plus fort taux de pénétration dans le monde pour Twitter.

Chaque jour, ce sont plus de 250 millions de vidéos qui sont visionnés par les internautes arabes (deux heures de vidéos déchargées chaque minute), et pour presque un tiers d’entre elles, en Arabie saoudite. Moins de 6 millions d’utilisateurs pour Linkedin, mais les choses changent rapidement car, aux Emirats arabes unis, la progression est de 45 % en un an seulement.

Autant de données impressionnantes, qu’il convient de mettre en relation avec le rôle que jouent désormais les géants nord-américains de l’Internet, Google en tête. Repéré par Seenthis, un article dans Newsweek propose de larges extraits de When Google met Wikileaks, le dernier livre de Julian Assange. A partir d’une visite que lui rendirent, en juin 2011, Eric Schmidt et Jared Cohen, respectivement P.-D.G. de Google et directeur de Google Ideas, le fondateur de Wikileaks analyse en détail le rôle politique que joue désormais le super-moteur de recherche, en évoquant en particulier les activités fort suspectes du dernier nommé dans les circonstances qui ont permis ce qu’on a appelé “le printemps arabe”.

Des informations déjà évoquées çà et là (et notamment dans mes Arabités numériques), mais elles proviennent cette fois d’un témoin direct et d’un acteur de premier plan dont la conclusion mérite d’être méditée :

If the future of the Internet is to be Google, that should be of serious concern to people all over the world—in Latin America, East and Southeast Asia, the Indian subcontinent, the Middle East, sub-Saharan Africa, the former Soviet Union and even in Europe — for whom the Internet embodies the promise of an alternative to U.S. cultural, economic, and strategic hegemony. A “don’t be evil” empire is still an empire.

“Si Google doit être l’avenir d’Internet, cela devrait constituer un réel souci pour toutes sortes de gens en Amérique latine, en Extrême-Orient et en Asie du Sud-Est, dans le sous-continent indien, au Moyen-Orient, en Afrique sub-saharienne, dans l’ex-URSS et même en Europe, ceux pour lesquels Internet incarne la promesse d’une alternative à l’hégémonie culturelle, économique et stratégique des USA. Un empire qui “ne fait pas le mal” [la devise de Google], reste un empire.”

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