Cinéma

Le Maghreb des films 2014 Du 24 novembre au 18 décembre 2014

, par Mohammad Bakri


Maghreb des films 2014 : l’éditorial


« Le but de la perfection est la jeunesse » Oscar Wilde


C’est précisément la jeunesse dont le talent irrigue cette édition 2014 du MAGHREB DES FILMS.

Pas seulement la simple jeunesse arithmétique de l’âge.

Mais une autre jeunesse qui vient d’on ne sait où, sinon d’une éternelle volonté de changer le monde.

Un vent rafraîchissant se lève et caresse le cinéma venu des pays du Maghreb.

Un vent d’invention, de lucidité et de responsabilité.

Un vent qui ne se laisse pas dompter, mais qui sait, au besoin, être aimablement séducteur, pour se faire mieux sentir et entendre. Un vent qui ne date pas d’hier.

Car, si les nouveaux arrivants affichent de neuves ambitions, c’est aussi en prolongeant celles de leurs prédécesseurs, pionniers d’un cinéma maghrébin moderne et indépendant.

La jeunesse au cinéma, s’est incarnée, de tout temps, entre révolte et dérision, une certaine anarchie diront d’aucuns… de l’insolence, sans aucun doute ; rejoignant bien sûr cette invective de Vigo à « éveiller d’autres échos que les rots de ces messieurs-dames qui viennent au cinéma pour digérer ».

Il en est ainsi d’une majorité des films de ce cru 2014.

Pas seulement des films qui viennent de s’achever, même s’ils sont ultra majoritaires, évidemment, mais aussi de trois ou quatre propositions de découvertes.

L’Histoire du cinéma, celle qui s’écrit en majuscules, compte autant de films célèbres que de petits chefs d’œuvre passés inaperçus.

« Hassan Terro » et « Etoile aux dents ou Poulou le magnifique » (le titre est déjà une promesse) sont de ceux-là.

Des « inaperçus ».

Le premier brocarde l’héroïsme malgré soi d’un algérois moyen, une sorte de « Bataille d’Alger » revue par l’inspecteur Clouseau.

Le second est un lent poème à Barbès, à son esthétique de métal et de pierre et à ses perspectives sans fin.

C’est une certitude, le cinéma que nous aimons ne peut être qu’accessoirement sérieux car nous en attendons davantage.

Une sorte de chahut est nécessaire et consubstantiel à l’art, c’est le sujet de « Zéro de conduite ».

Et les jeunes générations de filmeurs du monde entier, qui se sont succédé, l’ont compris et toujours réaffirmé, aux dépens des rentiers de l’image et du son.

Ils interpellent, ils agacent, ils ironisent, mais avec, bien souvent, une réussite de bricoleur de génie.

Nous croyons au nouveau souffle du cinéma algérien, poétique et irrévérencieux.

Il n’est qu’à voir « Loubia Hamra » (où, pour le coup, souffle bien l’esprit de Vigo), « Alger après », « Cinéma bidon » ou « La grande prison ».

Nous croyons au printemps et à l’automne du cinéma tunisien et à son « point de vue documenté », quasi compulsif, écho de trois années de « révolution »et d’espoir (encore Vigo).

Nous croyons à ce cinéma marocain qui, après s’être construit et structuré durablement, s’offre le luxe de faire vivre ses marges, dans des films d’un hédonisme décalé, tels « Le Veau d’or » ou « Mémoires anachroniques »(toujours Vigo)et/ou dans des courts métrages qui valent bien des longs, comme « Leur Nuit » ou « Sur la route du Paradis », ce dernier déjà vu au MDF.

Enfin, si la Libye manque encore cette année à l’appel, la Mauritanie, elle, s’offre une place de choix, avec l’un des plus grands films de 2014, d’une époustouflante beauté et d’une force émotionnelle ultime, au regard de ses enjeux, tant narratifs que « géopolitiques ».

« Timbuktu » est certainement quelque chose comme ce qu’on appelle parfois, certes un peu vite, un chef d’œuvre.

Vive le MAGHREB DES FILMS 2014 et vivent les cinéastes qui l’accompagnent, année après année !

En savoir plus sur cette nouvelle édition

Pour connaître les projections du Maghreb des films au jour le jour, se reporter sur le Journal du Maghreb des Films 2014

Pour connaître la liste complète des films, se reporter sur :

Téléchargez et imprimez le tableau résumé de la programmation


Le Maghreb des films


Le Maghreb des films


Dans la lignée du Maghreb des livres, qui connaît un succès depuis une quinzaine d’années, l’association Coup de soleil a initié en 2009 la manifestation « Le Maghreb des films ». Les deux intérêts culturels principaux de l’association étant la littérature et le cinéma. Ces rencontres cinématographiques ont été menées à bien grâce à un partenariat mis en place avec un large réseau de salles national et un comité de pilotage formé de membres de Coup de Soleil ainsi que de spécialistes du cinéma.

En 2010 c’est une association, Le Maghreb des films, créée en décembre 2009 avec le parrainage de Coup de Soleil, qui sera le maître d’oeuvre de la nouvelle édition 2010.

Les objectifs du « MAGHREB DES FILMS »

On peut les résumer ainsi :

  • tout à la fois promouvoir les productions cinématographiques du Maghreb et portant sur le Maghreb et leur diffusion auprès d’un large public ;
  • et débattre, à partir des films, des nombreuses questions de société qui traversent les populations des deux rives.

Il faut promouvoir la production maghrébine, car en dépit de sa qualité et de sa richesse, la distribution en France ne lui donne plus depuis de nombreuses années de visibilité. LE MAGHREB DES FILMS offre aux réalisateurs maghrébins l’occasion de présenter leurs films – inédits ou films de catalogue - et d’en débattre. Il favorise leur circulation dans le réseau de salles partenaires et dans nombre de cas leur donne accès à des distributeurs (exemples : « Making of » de Nouri Bouzid, « Où vas-tu Moshe » de Hassan Benjelloun, etc. ). Cet objectif ressort plutôt de la « culture » et de la « coopération internationale ».

Mais le film n’est pas seulement un objet cinématographique, il est, par les débats qu’il suscite, un outil extraordinaire pour dépasser les clichés sur les sociétés maghrébines, mettre en valeur des cultures d’origine, briser des tabous, permettre une relecture de l’histoire de la colonisation et des indépendances des pays, mettre à plat les raisons de l’émigration, etc. A ce titre, il est un puissant outil de compréhension et de lecture de l’histoire passée et présente, et permet à des personnes émigrées en France de s’approprier leur histoire et multiplier par là même leurs chances d’intégration. C’est pourquoi nous ne définissons pas LE MAGHREB DES FILMS comme un festival, mais comme une « rencontre cinématographique ».

LE MAGHREB DES FILMS doit tenir ces deux objectifs, apparemment très différents, mais en réalité indissociables.

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Source de l’information : Site du Maghreb des Films

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