Histoire - تاريخ

La Grande Guerre au Proche-Orient : savoirs, vécus, mémoires Par Matthias Dalig et Myriam Catusse, Institut français du Proche-Orient

, par Mohammad Bakri


Institut Français du Proche-Orient (Ifop)


À l’occasion de la commémoration du centenaire du déclenchement de la Grande Guerre, l’Ifpo, l’Orient-Institut Beirut, le Département d’histoire et de relations internationales de l’Université Saint-Joseph (Beyrouth) et l’Institut des études palestiniennes ont organisé un colloque questionnant la place qu’a pu prendre ce conflit au Proche-Orient. Soutenu par l’Ambassade d’Allemagne au Liban et la Mission du centenaire 14-18 (l’initiative du gouvernement français coordonnant le programme commémoratif), l’évènement a eu lieu à l’Université Saint-Joseph à Beyrouth, les 3 et 4 novembre 2014 (programme).

Du point de vue de l’histoire événementielle, la façon dont ce conflit « ébranla le Moyen-Orient » (Picaudou, 1992) est connue : ses campagnes et batailles militaires, le traité de Sykes-Picot (1916), la déclaration Balfour (1917), les revendications nationalistes, le génocide arménien (1915), les prémices de la question palestinienne ou encore les effets socio-économiques du conflit sur les sociétés « levantines ». L’effondrement de l’Empire ottoman ouvrit plus encore la porte à la pénétration européenne dans la région. Le « grand jeu » des puissances étrangères (Laurens, 1991) lui redessina des frontières, aujourd’hui d’ailleurs partiellement remises en cause par des organisations telles que celle de l’État islamique en Irak et au Levant.

1914-1918 marque incontestablement de nombreuses ruptures politiques et sociales pour les sociétés de la région. Aujourd’hui, l’étude de cette période est également l’occasion d’inflexions majeures pour les sciences sociales : en termes d’approches conceptuelles et disciplinaires, de réflexion sur l’Histoire, sur le statut du témoignage et de la mémoire, sur la pratique de l’interdisciplinarité ou sur la variation des niveaux d’analyse. Excepté l’attention portée aux évènements rappelés plus haut, l’historiographie dans la région n’accorde d’ailleurs qu’une importance mesurée à ce conflit mondial.

Cette rencontre proposait donc de débattre de nouvelles pistes dans l’étude de ce conflit, dans une région où les nombreux affrontements armés jusqu’à nos jours, peuvent être l’occasion d’engager une réflexion sur les « cultures de guerre », comme le fit 1914-1918 en Europe (S. Audoin-Rouzeau, A. Becker, 2000). C’est d’ailleurs dans cette perspective que ce colloque a été ouvert par Patrice Paoli, Ambassadeur de France au Liban, Christian Clages, Ambassadeur d’Allemagne au Liban, et Salim Daccache, Recteur de l’Université Saint-Joseph. Alors que l’on commémorera en 2015 les 40 ans du déclenchement de la guerre civile libanaise, tous trois ont suggéré l’exemple que pourrait jouer, dans la recherche de sortie de crise dans la région, le travail des historiens de la guerre et des entrepreneurs de mémoire dans le processus d’intégration européenne.

Les travaux ont débuté par la conférence inaugurale de Jörn Leonhard (Université de Freiburg), auteur de Die Büchse der Pandora. Geschichte des Ersten Weltkriegs [La boite de Pandore. Histoire de la Première Guerre mondiale] (C.H. Beck, München, 2014). Il propose d’envisager la Grande Guerre à l’aune des frustrations collectives et désenchantements qu’elle a pu provoquer – à commencer par la promesse d’un conflit court auréolé de glorieuses victoires et les aspirations à l’autodétermination des peuples suscitée par les « 14 points de Wilson » (1918) dans les périphéries du conflit, particulièrement au Proche-Orient.

Trois approches croisées ont guidé la réflexion : une approche d’histoire des sciences ; une approche en histoire sociale interrogeant les vécus variés de la guerre ; et enfin, une approche d’anthropologie de la mémoire. Les interventions des participants se sont appuyées sur des sources pour la plupart inédites : des mémoires et journaux intimes, des témoignages directs ou indirects, des archives diplomatiques ou municipales, des dossiers de presse et des fonds privés. Tous ces documents donnent des éclairages originaux sur cette période, mais aussi sur leur perception par leurs contemporains.


Lire la suite en Ligne : http://ifpo.hypotheses.org/6268
Matthias Dalig et Myriam Catusse, « Le processus d’annexion du Sandjak d’Alexandrette   », Les Carnets de l’Ifpo. La recherche en train de se faire à l’Institut français du Proche-Orient (Hypotheses.org), 19 décembre 2014.


Matthias Dalig est étudiant en sciences politiques à l’Université de Freiburg et à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence. Il est stagiaire au Département scientifique des études contemporaines à l’Ifpo.

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Myriam Catusse est politologue. Elle est directrice du Département scientifique des études contemporaines de l’Ifpo. Elle est core researcher du programme WAFAW (ERC) et du programme Power2Youth (7e PCRD). Elle est notamment l’auteur de Le Temps des entrepreneurs. Politique et transformations du capitalisme au Maroc, Paris, Maisonneuve & Larose, 2008 et, avec B. Destremau et E. Verdier (dir.), de L’État face aux débordements du social. Formation, travail et protection sociale, Paris, Iremam-Karthala, 2010.

Page personnelle et bibliographie : http://ifporient.org/myriam-catusse

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