L’art copte

, par Mohammad Bakri


Les clés du Moyen-Orient
Par Emilie Polak
Article publié le 21/01/2014


C’est au IVème siècle après Jésus-Christ que l’Eglise d’Egypte connait son apogée. La diffusion du christianisme, à partir de 313, favorise la création d’un art chrétien égyptien. L’art copte désigne ainsi l’ensemble de la production artistique réalisée par les chrétiens d’Orient, en particulier d’Egypte. Cet art est influencé par les invasions successives qu’a connues l’Egypte au cours des siècles. Ainsi, la production artistique copte fait-elle référence à l’art pharaonique, aussi bien dans la composition que dans les thèmes et les techniques. On y trouve également des influences grecques, romaines, byzantines, perses et arabes. C’est cette mixité des productions artistiques qui fait l’originalité de l’art copte.
La production artistique est d’abord visible dans les vestiges architecturaux que l’on trouve encore dans la Vallée du Nil. En effet, le développement d’une architecture copte est en lien avec l’essor du monachisme. L’art copte est marqué par un goût pour la couleur : des fresques colorées ornent les murs des monuments. La variété de la palette chromatique se retrouve également dans les tissus, la mode des tissus colorés et décorés est en effet ancienne en Egypte, mais est marquée par les influences constantes venues de l’étranger.

L’Egypte, terre du monachisme

Afin de comprendre la particularité de l’architecture chrétienne d’Orient, il faut revenir sur les origines du monachisme. Le mouvement monastique chrétien a trouvé ses origines dans le désert d’Egypte. De là, il se diffuse dans tout le bassin méditerranéen, puis en Europe. Les premiers ermites se seraient rendus dans le désert égyptien dès le IIIème siècle après Jésus-Christ, où ils auraient parfois occupé d’anciens tombeaux, notamment en Haute-Egypte. Mais la plupart se contente de vivre en ascète, dans le désert, à proximité de leur village. Le premier à établir sa résidence permanente dans le désert égyptien serait Saint-Paul de Thèbes. Ces ascètes vivent dans le désert mais séparés les uns des autres. Il faut attendre Saint-Antoine, considéré comme le père du monachisme égyptien, pour voir les différents ermites se rassembler en communauté de vie monastique. Saint-Antoine, outre le rassemblement des disciples, a également rédigé des règles pour la direction spirituelle des membres des communautés. Celles-ci se retirent peu à peu dans le désert afin d’éviter les distractions du monde. Dans le même temps, des monastères s’établissent en bordure des terres cultivées, près des villages et des villes. Il est nécessaire de souligner l’aspect multiculturel de la vie dans les premiers monastères coptes. Le monachisme prend tellement d’ampleur au cours du Vème siècle, que plusieurs femmes nobles décident de rejoindre les monastères : elles habitent comme les moines, dans des cellules, et portent des habits masculins.

Le mode de vie ascétique s’avère essentiel dans la religion chrétienne copte. C’est pourquoi, dès le IIIème siècle, l’effervescence religieuse se traduit dans la multiplicité des constructions à vocation cultuelle. De nombreuses églises sont bâties dans les villes, et de nombreux monastères à la campagne. Ce phénomène prend encore davantage d’ampleur au milieu du Vème siècle : le Concile de Chalcédoine désavoue le patriarche Dioscore et amène progressivement les Coptes à s’isoler de l’ensemble du monde chrétien. Par ailleurs, le milieu du Vème siècle, en Egypte, coïncide avec un renversement de la majorité numérique du pays, en faveur des chrétiens : de plus en plus d’Egyptiens se convertissent au christianisme, qui devient la religion la plus répandue dans le pays. On parle alors de période chrétienne. Cette primauté de la chrétienté se traduit dans les constructions, avec l’apparition d’une architecture proprement copte.

L’architecture religieuse copte manifeste une préférence pour les absides rentrantes, et, à l’entrée des bâtiments pour des colonnades. Le lieu de culte est entouré de hauts murs qui forment une enceinte rectangulaire, à l’intérieur de laquelle on trouve une église à coupole. L’église est donc enfermée et invisible de l’extérieur, grâce aux murs. Cela traduit une recherche du mystère religieux, qui rappelle les temples pharaoniques. L’église du Deir el-Abiad, à Sohag, que l’on pense construite en 440 par l’abbé Chenouté, est une parfaite illustration de cette architecture. On pénètre dans le bâtiment après avoir franchi le mur d’enceinte, haut de douze mètres, par le sud. A l’origine, l’ensemble architectural du Deir el-Abiad comportait six portes d’accès. L’église elle-même, ornée de peintures murales, est de forme basilicale et comporte trois nefs.

La liberté de cultes octroyée aux chrétiens a permis l’accroissement de la communauté chrétienne d’Orient. Parallèlement, de nouvelles pratiques cultuelles se sont développées, et notamment le monachisme. Celui-ci s’est peu à peu organisé, les communautés religieuses se substituant aux ermites. Tout cela a permis l’essor d’une architecture religieuse proprement copte mais d’influence pharaonique, dont l’église du Deir el-Abiad est représentative.
Outre l’architecture, l’art copte se caractérise par une maîtrise des couleurs, que l’on retrouve dans les peintures murales qui ornent les bâtiments, mais aussi dans les tissus...

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