Institut français du Proche-Orient (IFPO)

, par Mohammad Bakri


En fusionnant en 2003 les structures françaises de recherche présentes au Proche-Orient, les fondateurs de l’Ifpo ont voulu prendre en compte trois nécessités : maintenir en France un niveau d’excellence dans la recherche sur le Moyen-Orient, développer des synergies transnationales et interdisciplinaires tout en renforçant le tissu de nos relations scientifiques et intellectuelles avec les pays de la région.

Dans chacune des disciplines des sciences humaines et sociales, de l’Antiquité jusqu’à nos jours, l’institut est au service de la connaissance d’une région où il promeut la coopération avec la Syrie, le Liban, la Jordanie, mais également les territoires palestiniens et l’Irak où deux chercheurs ont conduit une première mission en septembre 2008.

Deux axes organisent en 2010 la volonté de maximiser les performances d’une institution qui capitalise dans la région une longue tradition de recherche, de formation et de coopération. Le premier est la construction de savoirs scientifiques partagés tout autant avec les sociétés dont les chercheurs de l’Institut sont les hôtes qu’avec la recherche française et internationale. Avec le soutien important accordé en 2008 par le CNRS (en équipements et en postes),le second est de donner à l’Institut une plus grande visibilité locale et internationale et, ce faisant, de mieux répondre aux attentes légitimes de ses promoteurs et de ses partenaires.

Ces efforts passent notamment par la modernisation du système de communication de l’Institut et notamment :

  • une refonte complète du site internet dont vous avez le résultat sous les yeux ;
  • la fusion des services de publications des trois départements scientifiques au sein des « Presses de l’Ifpo » nouvellement créées ;
  • le lancement (grâce à un partenariat avec le Centre pour l’édition électronique ouverte - CLEO CNRS) des Collections électroniques de l’Ifpo, et la poursuite de la numérisation des collections éditoriales des périodiques (Syria sur Jstor et Persee.fr, le Bulletin d’études orientales - BEO - sur revues.org) ;
  • la collecte et la mise en valeur de ressources iconographiques (Galerie de photos en ligne Flickr) et sonores ;
  • la création d’une collection Ifpo sur le site d’archives ouvertes HAL-SHS. Cette visibilité électronique est la condition essentielle d’une reconnaissance locale et internationale de l’institut : pour la première fois sur HAL-SHS, à la demande de l’Ifpo, les résumés des articles, ou même les articles eux-mêmes, peuvent être déposés en langue arabe. L’archive ouverte est bien évidemment la condition d’une reconnaissance internationale, les résumés devant obligatoirement être faits également en langue anglaise.

Dans le dispositif scientifique, la part des études contemporaines s’est affirmée par des recherches en prise avec les réalités et les crises les plus actuelles de la région. La Syrie prend sa place dans ces études contemporaines grâce à de nouveaux partenaires. Pour la première fois, deux stagiaires IEP sont ainsi rattachés à un think tank damascène, l’Orient Center for International Studies. Ces programmes ancrés dans l’actualité socio-politique régionale sont animés par un réseau international de chercheurs français, européens et proche-orientaux : « Réseau de recherche européen sur les conditions de production de la paix » (avec l’Université catholique de Louvain, l’université de Genève, l’Université de Galatasaray, l’Université de Pise), « Construire le politique. Figures du leadership et sociétés partisanes au Proche-Orient » (en partenariat avec l’IISMM-EHESS) ; « Liban. Mémoires de guerre. Pratiques, traces et usages » (avec l’Université Saint-Joseph) ; « Le développement, fabrique de l’action publique dans le monde arabe » (avec le Lebanese Center for Policy Studies, l’IRMC de Tunis et l’Institut des Hautes Études Internationales et du Développement de Genève) ; « Les migrations irakiennes » (avec les universités d’Oxford et d’East London, l’Orient Center de Damas) ; « Médias et islamisme » (avec l’Orient Institut allemand de Beyrouth et l’Université de Copenhague) ; « Le néolibéralisme et la ville dans le monde arabe » (avec l’Université germano-jordanienne, l’Université de Damas et l’American University of Beirut) ; « Atlas de Jordanie » et « Atlas de Syrie » (avec les Départements de cartographie et de statistiques de Jordanie et de Syrie). Trois de ces programmes bénéficient du soutien de l’Agence Nationale de la Recherche tandis que plusieurs reçoivent d’autres financements extérieurs, notamment européens. Tous sont réalisés en partenariat avec les institutions d’enseignement et de recherche locales, françaises et européennes. Les résultats de la recherche donnent lieu à des publications régulières, le recours fréquent à la co-édition permettant d’assurer une diffusion auprès du grand public.

L’apport scientifique de l’Ifpo repose bien évidement sur la profondeur de l’ancrage historique et socio-culturel que permettent les travaux des deux départements d’histoire (médiévale et de l’Antiquité) tout autant que les investissements de longue date opérés dans le domaine de la langue arabe. L’Institut (qui reçoit dans ce domaine des études linguistiques, comme dans d’autres, plus de candidatures qu’il ne peut en accepter) demeure, outre sa mission de recherche, un incontournable instrument de formation en langue arabe et de coopération. Il accueille en 2010 des étudiants de plus de dix nationalités dans ses stages, annuel et estival, organisé en collaboration avec l’université Paris IV Sorbonne.

Les programmes du département des études arabes, médiévales et modernes s’inscrivent dans la tradition de disciplines académique anciennes et éprouvées. Ils sont également guidés par l’idée qu’au Proche-Orient les événements et les imaginaires politiques contemporains sont imprégnés de références au passé arabe et islamique, et qu’ils sont de ce fait indéchiffrables sans une connaissance approfondie 1) de l’histoire médiévale (p. ex. invasions croisées, mongoles) et moderne (période ottomane et coloniale) ; 2) du rapport fondateur à la langue arabe, idiome du Coran ; 3) des références à la littérature religieuse de l’époque classique (Coran, théologie, philosophie). Les recherches de ce département viennent compléter une expérience capitalisée depuis plus de 85 ans. Les chercheurs français et syriens de l’Institut ont développé un savoir scientifique rigoureux sur l’histoire et l’architecture du Proche-Orient d’époque islamique, sur la philosophie et l’islamologie, sur la littérature et la linguistique arabes, faisant de l’Ifpo l’un des centres de recherche les plus en vue pour ces différentes disciplines. Le résultat de ces recherches se manifeste à travers ses publications, et les différents programmes qu’il a initiés (sur la vieille ville de Damas, sur le parler arabe de Damas) ou auxquels il participe (Castellologie, Guerre et paix dans le Proche-Orient médiéval, Mystiques juives, chrétiennes et musulmanes dans le Proche-Orient médiéval …), et qui visent à aider à une meilleure connaissance et donc une meilleure compréhension de et avec les sociétés d’accueil.

Dans le domaine de l’archéologie et de l’histoire de l’Antiquité, le renforcement des connaissances participe également de l’ancrage historique des études contemporaines. Il répond également à une demande croissante d’un grand public particulièrement ouvert à la connaissance d’une région centrale dans l’histoire de l’humanité, mais tout autant aux attentes des partenaires institutionnnels locaux : les Directions générales des antiquités et des musées et, de plus en plus souvent, des universités. Menés en étroite coopération avec les chercheurs libanais, syriens et jordaniens, les travaux, axés sur l’histoire de l’urbanisme, des échanges, de la maîtrise de l’eau et du fait religieux, s’expriment aussi dans un volet enseignement et formation, en particulier au département d’archéologie de l’université de Damas.

Pour les périodes historiques comme pour les études contemporaines, l’Ifpo a noué de solides partenariats avec d’autres centres français et notamment l’Ifao du Caire, ou, en ce qui concerne les études contemporaines, avec le Centre Jacques Berque de Rabat et le Centre d’études alexandrines. Avec ces deux partenaires, l’Ifpo a lancé un programme de recherche sur les espaces et rapports marchands en Méditerranée (« Commerce et vertu : les lieux de l’éthique marchande ») financé par le programme européen Ramses 2. À l’Ifao du Caire le lient plusieurs programmes qui donnent lieu à la constitution de banques de données communes, de rencontres tenues en alternance à Damas ou au Caire et bien sûr à des coéditions : « Guerre et paix dans le Proche-Orient médiéval », « Bains antiques et médiévaux » (sur l’évolution du phénomène architectural et social qu’est le bain collectif dans l’ensemble de la Méditerranée orientale), « Les mystiques juive, chrétienne et musulmane, dans le Proche-Orient médiéval : Interculturalités et contextes historiques (VIIe-XVIe siècles) » donne l’opportunité d’explorer un mysticisme commun aux trois religions du pourtour méditerranéen. Ce dernier programme lie également l’Ifpo à l’IFEA d’Istanbul.


Institut français du Proche-Orient (IFPO)


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