Houda Ayoub, professeure d’arabe à l’ENS, nous a quittés

, par Mohammad Bakri

Houda Ayoub, professeure d’arabe à l’École normale supérieure, nous a quittés dimanche 18 juin au soir, entourée de sa famille.

Houda avait quitté le Liban pendant la guerre civile pour étudier la critique et la théorie littéraire, notamment auprès de Julia Kristeva. Pendant trente ans, elle a fait rayonner les études arabes à l’École normale supérieure.

Formée par Daniel Reig aux méthodes linguistiques les plus novatrices, elle a développé une pédagogie unique de la langue arabe. Ses cours ont marqué plusieurs générations d’élèves qui constituent aujourd’hui une communauté de spécialistes des études arabes dans de très nombreuses disciplines.

Tous se souviendront de la phrase inaugurale de la première leçon, Hadha Kitab, dont elle faisait le sésame délicieux d’une longue aventure culturelle et humaine qui commençait dans la salle des Résistants de l’ENS et se poursuivait au Caire, à Damas et à Sanaa. Durant les éditions successives de la Semaine arabe dont elle a pu suivre de près en avril dernier le 20e anniversaire, elle a su faire entendre à Paris la voix d’un monde arabe actuel et toujours en mouvement. Animée par une exigence radicale, elle aimait « mettre en dialogue » artistes, chercheurs et militants pour déconstruire préjugés et représentations figées. Viscéralement attachée à la justice, elle ne tolérait aucune forme de compromission. Elle encourageait ses élèves dans la voie de l’émancipation, qui prenait pour elle la forme d’un passage par la langue de l’autre. Son intense activité de traductrice littéraire en témoigne.

Son départ laisse aujourd’hui un très grand vide. Mais la voie que Houda nous a ouverte, l’exemple de son courage et de son énergie, nous engagent à continuer la quête de ce qu’elle aimait appeler, dans un sens qui lui était propre, « humanité ».

Sur le site de l’École normale supérieure

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