Colloque international

Écriture et histoire contemporaine dans l’oeuvre de Wajdi Mouawad Les 27 et 28 novembre 2014 - Nancy

, par Mohammad Bakri

Articulant écriture de l’histoire contemporaine et histoire contemporaine de l’écriture, l’œuvre littéraire de Wajdi Mouawad semble tout entière traversée par une même question obsédante : comment parler des événements traumatiques récents ? L’une des réponses apportées par Anima (2012, Leméac / Actes Sud) tient à l’usage de voix, mais aussi de langues multiples. Le deuxième roman de l’artiste libano-canadien, qui s’inscrit dans le prolongement du premier (Visage retrouvé, 2002) et qui, par bien des aspects, fait écho à la tétralogie théâtrale du Sang des promesses (Littoral, 1997 ; Incendies, 2003 ; Forêts, 2006 ; Ciels, 2009) s’écrit de fait en plusieurs langues : le français de France principalement, mais aussi, plus localement, l’anglais, le québécois, l’amérindien, le latin et l’arabe libanais. Or, à l’exception notable de ce dernier, glosé en français par le truchement d’un personnage interprète, cette mosaïque linguistique ne fait l’objet d’aucune traduction. Signe d’une « littérature mondiale » faisant sienne le polylinguisme de l’époque contemporaine, sa présence à la surface du texte renvoie aussi, en profondeur, à la quête « d’une langue ancienne, oubliée, parlée jadis par les humains et par les bêtes aux rivages des paradis perdus » (Anima, p. 388), et dont le narrateur, dans les toutes dernières lignes du roman, se demande « qui osera jamais […] les rejoindre et apprendre auprès d’eux à reparler et à déchiffrer ce langage » : « Quel animal ? Quel homme ? Quelle femme ? Quel être ? Celui-là […] aurait à l’intérieur de sa bouche […] les fragments d’une langue disparue dont nous cherchons inlassablement et depuis toujours l’alphabet. Nous réapprendrions à parler. Nous inventerions des mots nouveaux […] Tout ne serait pas perdu » (ibid.)

En savoir plus et lire le programme

Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)