Cuisiner pour ne pas oublier

, par Mohammad Bakri


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Par Léa Vicente
27 mai 2018


Palestine Hosting Society : cuisiner pour ne pas oublier


L’assiette et la table ont définitivement trouvé leur place dans l’art contemporain à l’heure où un terrain d’exploration à mi-chemin entre cuisine et recherche s’est finalement installé, dissolvant une frontière devenue anecdotique entre ces disciplines. Cet entre-deux permet d’éclairer les tangentes économique, politique et culturelle reposant à la fois sur l’alimentation et sur le repas initiant un momentum de tentative, de partage et d’échange.

Depuis 2014, la Delfina Foundation de Londres a mis en place un programme artistique de quatre ans intitulé « Politics of Food » qui a convié plus de 70 artistes, chercheurs et cuisiniers à apporter leur contribution autour de ce thème. Aussi, en Octobre 2017, le dernier dernier acte de la Biennale de Sharjah 13 présentait un programme intitulé Upon a Shifting Plate faisant état d’une pratique – plus que d’une mode – centrée sur la nourriture.

C’est cette infinie possibilité de recherches et la pertinence des résultats qui en découlent qui ont encouragé en 2017 la création du collectif Palestine Hosting Society sous l’initiative de l’artiste Mirna Bamieh et avec le soutien de la Fondation Qattan. Trois projets actuellement développés amorcent une première année d’activité pour le jeune collectif. Leurs perspectives évolutives laissent place à des interrogations diverses faisant écho aux problématiques liées aux pratiques culinaires palestiniennes.

Il y a les Family Dinners qui ont permis à cinq chercheurs de présenter en collaboration avec une famille un repas reflétant une spécificité de leurs rituels culinaires à l’issue de plusieurs semaines de d’enquête ou encore Food Walks qui retracent les trajectoires géographiques – généralement conséquences de la conjoncture politique – d’aliments incontournables de la gastronomie palestinienne. Le dessein de Palestine Hosting Society est de sauvegarder l’héritage incarné par ces pratiques fondamentales de notre quotidien et de documenter leurs évolutions et métamorphoses accidentelles, comme pour reprendre le contrôle de leurs expérimentations et évolutions loin des contraintes de l’occupation israélienne.



Perpétuer le temporaire

Fruit d’un processus de remise en question de l’artiste palestinienne Mirna Bamieh, le collectif lui a permis d’achever une transition dans sa pratique artistique afin de se détacher d’une démarche solitaire et numérique dont la matérialité montrait ses limites. Après avoir suivi une formation intensive d’une année pour devenir chef, il était nécessaire pour elle de renouer avec sa pratique artistique. Après plusieurs tentatives de projets mises en échec par les capacités matérielles limitées de la Palestine, c’est finalement Palestine Hosting Society qui a vu le jour grâce à un collectif formé d’artistes, chercheurs ou encore cuisiniers.

Ce retour à la communauté, prolonge les précédents travaux de l’artiste notamment Potato Talks (2016) où des conteurs prenaient place dans l’espace public. Pour ce nouveau projet, le moment du repas, incarné par les Family Dinners, dont les préparatifs et le déroulement sont documentés, s’émancipe de son éphémère pour devenir un moment d’Histoire de la Palestine.

« L’aspect communautaire est très important, la nourriture crée sa propre communauté qui permet ce momentum » souligne Mirna Bamieh « Chaque chercheur a travaillé avec une famille qu’il connait, le menu a été créé en collaboration entre la famille et le chercheur et le repas a été accueilli chez eux. Tout tournait autour de ces familles. C’est leur nourriture et c’est eux qui reçoivent. C’est une expérience de partage très stimulante pour les hôtes »

Les Family Diners racontent désormais différentes histoires de la Palestine. Il y a Suzanna Mattar, cheffe, qui a réalisé trois mois de recherches sur les techniques de conservation de sa mère originaire du Sud-Liban, qui, pour nourrir une très grande famille avec peu de moyens a toujours eu recours à des techniques de préservation inventives pour que le garde-manger soit toujours plein. Il y a aussi l’histoire de la famille Abu Heiba installée à Ramallah après une vie passée à Gaza. Lieu unique pour faire l’expérience de la cuisine Gazaoui, cette table et devenue pour Shima Hamad une amie du fils de la famille le terrain de ses recherches...

Lire la totalité de l’article le site ONORIENT

Le site internet de Palestine Hosting Society

La page Facebook de Palestine Hosting Society

Retrouvez l’actualité de Mirna Bamieh

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