Chiites et Sunnites en 100 questions Tallandier - Septembre 2017

, par Mohammad Bakri


Editeur


Auteur(s) : Pierre-Jean Luizard
Titre : Chiites et Sunnites en 100 questions
Editeur : Éditions Tallandier
Parution : 14 septembre 2017
384 pages
ISBN : 9791021023116


Éditions Tallandier


Comment l’islam s’est-il divisé ? Comment s’est construit le sunnisme ? Comment s’est forgée la martyrologie chiite ? Pourquoi y a-t-il une non-reconnaissance réciproque des deux communautés ? Quelle est la position de l’Iran chiite face au monde sunnite ? Pourquoi les Printemps arabes ont-ils dégénéré confessionnellement ? Quel est le rôle des grandes puissances dans le conflit ?

À la mort du Prophète, en 632, la jeune communauté musulmane s’est déchirée sur sa succession, déclenchant la première grande discorde (fitna). Un désaccord resté irrésolu. Après l’échec de multiples tentatives de rapprochement au cours des siècles, on assiste aujourd’hui au retour d’une nouvelle fitna opposant les deux principales branches de l’islam, chiites minoritaires contre sunnites majoritaires à 85 %. Les causes en sont largement contemporaines : faillite de certains États arabes, émancipation des communautés chiites arabes, éclatement de l’autorité religieuse chez les sunnites. Ces conflits trouvent leur épicentre au Moyen-Orient, mais se propagent au reste du monde : Inde, Pakistan, Indonésie... En 100 questions/réponses très didactiques, Pierre-Jean Luizard remet en perspective l’Histoire, les développements et la réalité de ce conflit confessionnel millénaire dont l’ampleur globale est inédite.

Pierre-Jean Luizard, historien, est directeur de recherche au CNRS, spécialiste des islams au Moyen-Orient. Il est membre du Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL) à Paris. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont La Question irakienne (2004) et Le Piège Daech. L’État islamique ou le retour de l’Histoire (2015).

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Compte rendu de Mathilde Rouxel
Article publié le 28/03/2018


Pierre-Jean Luizard, Chiites et sunnites, la grande discorde en 100 questions


À l’heure où les discordes confessionnelles sont passées au premier plan des conflits qui déchirent le Moyen-Orient, tant en Syrie qu’en Irak ou au Yémen, Pierre-Jean Luizard revient sur ce qui différencie le chiisme et le sunnisme dans l’Islam. En cent questions, l’historien retrace l’histoire d’une division idéologique qui remonte aux premiers temps de l’histoire, pour expliquer les enjeux stratégiques et politiques qui traversent la réalité internationale du monde contemporain. Divisé en une dizaine de grands chapitres, cet ouvrage propose par ailleurs des cartes, permettant de situer géographiquement la situation des communautés à l’échelle du Moyen-Orient, un glossaire, une liste des principaux acteurs de cette Histoire de plusieurs siècles, une chronologie et une riche bibliographie.

Ce compte rendu reprend les grandes lignes de l’ouvrage - dense et riche - de Pierre-Jean Luizard, sans toutefois prétendre à l’exhaustivité des thèmes traités au fil de ces cent questions.

Deux dogmes divergents

Les premiers chapitres sont consacrés à l’explication de la différence dogmatique entre chiisme et sunnisme. La division de l’islam en trois branches au lendemain de la mort de Mohamad (khâredjites, sunnites et chiites) soulignait déjà l’importance politique de la question de la succession du prophète à la tête des fidèles ; à part une position ambivalente vis-à-vis du premier calife Abou Bakr, les deux califes qui lui ont succédé, Umar et Uthmân, ne furent pas reconnus par les chiites. Ils ne reconnaissaient de légitime qu’Ali, cousin et gendre du Prophète. C’est l’origine des premières fitna, « discorde », qui manifestent deux conceptions du pouvoir en islam, tant religieux que politique. Les califats omeyyades et abbassides ne sont reconnus que par les sunnites, les chiites ayant choisi de se ranger dans la lignée des Imams descendants du prophète Ali. À la suite des conflits qui opposent entre eux les musulmans s’est développée une martyrologie chiite, conduite à partir du meurtre d’Ali par un khârédjite et la mort de Husayn, petit-fils du Prophète, face à l’Omeyyade Yazîd au cours de la bataille de Karbala.

Au IXe siècle, dans le siècle précédent la fin des Omeyyade, se bâtit le sunnisme doctrinal. En Perse, l’avènement de la dynastie séfévide propulsa d’éminents ulémas duodécimains sur le devant de la scène politique et conduisit à la conversion de la Perse au chiisme, que l’influence importante du soufisme dans le pays, inculquant l’amour d’Ali et de la famille du Prophète, avait préparée.

Ce qui oppose sunnisme et chiisme est d’abord dogmatique. Le choix du sunnisme fut celui de la majorité ; « c’était celui de la préservation de l’unité de la communauté, du consensus et du respect pour les dynasties en place » (p. 75) et marque sa spécificité par son réalisme politique. chiites et sunnites se rassemblent toutefois sur la version uthmânienne du Coran, même si chacune des religions est marquée par la reconnaissance de hâdiths différents. D’un point de vue politique, les divergences sont aussi observables dans le rapport entretenu à l’État : s’il est indispensable pour les sunnites de ne pas diviser la communauté et de respecter les dynasties en place, les chiites ont rapidement manifesté leur volonté de s’émanciper de la tutelle de l’État. Toutefois, « le contrôle traditionnel de l’islam par l’État, en islam sunnite, commença à être mis à mal par le réformisme musulman » (p. 99) au XIXe et au XXe siècle qui ouvrit la voie à une prise de distance du religieux par rapport au politique.

Tentatives de rapprochement et discorde politique depuis le XVIIIe siècle

Au moment des colonisations européennes du XVIIIe siècle, l’islam est apparu comme un élément fédérateur contre l’Europe conquérante. Au XIXe et au XXe siècle se développent les grands mouvements panarabes, qui tentent de rassembler chiites et sunnites. Rapidement toutefois, le panislamisme fut voué à l’échec. Au moment de l’abolition de la Constitution ottomane de 1876, visant à « relever les défis de la domination européenne » (p. 110), par Abdülhamid en 1878, l’opposition persane se dressa contre l’appui du calife ottoman sur l’establishment sunnite en proclamant une Constitution en 1906, face à laquelle les tendances salafistes issues du réformisme sunnite se montrent rapidement hostiles. L’effondrement de l’empire et l’occupation britannique de l’Irak achèvent de diviser les communautés religieuses, les Britanniques choisissant de s’appuyer sur la minorité sunnite contre la majorité chiite irakienne.

Aujourd’hui, on trouve des sunnites dans chaque territoire peuplé de musulmans, mais les chiites peuplent principalement l’Iran, l’Irak et le Liban. L’Irak a été converti jusque tardivement au chiisme, notamment au XVIIe siècle, où « l’asservissement consécutif à la sédentarisation » (p. 139) favorisa les conversions. Au Liban, les chiites prennent la revanche des « oubliés de l’Histoire » (p. 144). On trouve aussi d’importants peuplements chiites au Pakistan et en Inde, ainsi qu’au Bahreïn. En Europe, les sunnites sont majoritaires. Les rivalités qui opposent l’Iran au monde sunnite datent de l’opposition des Empires perse et ottoman ; le pays réagit, encore aujourd’hui, au « sentiment d’encerclement » (p. 162) qui le domine. Malgré quelques tentatives de rapprochements entre chiites et Frères musulmans sunnites sur la question de l’unité musulmane, l’irruption de l’islamisme chiite dans les années 1960 a ravivé leurs oppositions.

Un conflit globalisé

D’un point de vue politique, le nationalisme arabe s’est vu lui aussi divisé dès ses débuts. En Irak, le coup d’État baasiste signe la rupture définitive avec les chiites, une majorité sunnite ayant pris le pouvoir ; les chiites, au Liban, à Bahreïn ou en Irak, sont attirés par la gauche laïque. Dès 1965 cependant, Khomeyni s’active à préparer, en exil, la révolution islamique en Iran. En 1975, le Liban sombre dans une guerre civile dans laquelle le confessionnalisme s’impose comme un facteur majeur. Les minorités alaouites, majoritairement en Syrie, ou zaydites au Yémen, entrent dans la « spirale régionale du confessionnalisme » (p. 225). Les Printemps arabes, dans les deux pays, marquent une nouvelle phase dans l’opposition des sunnites à ces minorités rattachées au Chiisme, qui elles se plaignent de leur marginalisation. Ainsi, alors que l’Égypte s’opposait à l’Arabie saoudite au Yémen en 1962, la première soutenant le camp « progressiste » des républicain lorsque l’autre « venait en aide au camp conservateur incarné par les royalistes qui se trouvaient être des zaydites » (p. 229), les deux pays font aujourd’hui front au même Yémen, sous une bannière cette fois sunnite.

Les grandes puissances internationales ne sont pas innocentes dans ce jeu confessionnel. Le Hezbollah chiite libanais est sur liste noire américaine, Washington soutenant par ailleurs la coalition sunnite anti-zaydite au Yémen. La Russie, de son côté, soutient le régime alaouite de Bachar al-Assad en Syrie ; la Russie tsariste puis bolchevique soutenait déjà le clergé chiite contre l’impérialisme. La France, enfin, « a, de par son passé, toujours eu un tropisme sunnite en rapport aux pauys majoritairement sunnites qu’elle occupait en Afrique du Nord » (p. 237) et apparaît toujours, pour les chiites du Liban, comme une puissance de laquelle il faut s’émanciper.

La révolution islamique en Iran fut un coup de tonnerre pour les régimes arabes sunnites. La guerre Iran-Irak autour du territoire du Chatt al-Arab (1980-1988) est donc une guerre confessionnelle : Saddam Hussein souhaitait d’abord, avec cette guerre, endiguer la vague révolutionnaire chiite. Au Liban, le Hezbollah (créé en 1982 avec un financement iranien pour s’opposer à l’occupation israélienne) a réussi jusqu’en 2012 à échapper au confessionnalisme ; mais son engagement aux côtés du régime de Bachar al-Assad en Syrie dès 2012 marqua une fracture avec les sunnites qui ne cessa de s’élargir. La bataille d’Alep (2016-2017) illustra l’ampleur de la mobilisation contre les localités à majorité sunnite, les milices du Hezbollah ayant combattu côte à côte avec des Gardiens de la révolution iraniens. Cela entraîna une série d’attentats anti-chiites au Liban. En Irak, suite à la guerre conduite par les Américains à partir de 2003, s’est mis en place un nouveau système confessionnel avec à sa tête des chiites, moins dociles dans leurs négociations avec Washington que les élites sunnites. Les élections législatives de 2005 furent boycottées par les Arabes sunnites, et le gouvernement fut formé par un tandem chiito-kurde, ce qui mena à une nouvelle guerre confessionnelle qui dura jusqu’en 2008. L’irruption de Daesh et la partition de l’Irak à partir de 2014 conduisirent à une troisième guerre confessionnelle dans le pays. En Syrie, la guerre confessionnelle qui ravage encore aujourd’hui le pays a, là aussi, pris les populations en otage.

En Arabie saoudite, la réconciliation avec les chiites est aussi un échec. Malgré des tentatives de rapprochement dans les années 1990 et 2000, l’exécution le 2 janvier 2016 par Riyadh du haut dignitaire chiite Nimr Bâqer al-Nimr marque la fin des discussions. Les attaques contre les chiites par des groupes salafistes et les talibans sont aussi manifestes au Pakistan, en Inde ou en Afghanistan.
Pierre-Jean Luizard, Chiites et sunnites, la grande discorde en 100 questions, Paris, Tallandier, 2017, 382 p.

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Questions de Mathilde Rouxel
Article publié le 10/04/2018


Pierre-Jean Luizard - La discorde entre chiites et sunnites


Pierre-Jean Luizard est directeur de recherche au CNRS. Il a séjourné plusieurs années dans la plupart des pays arabes du Moyen-Orient, particulièrement au Qatar, en Syrie, en Irak et en Egypte. Historien de l’islam contemporain dans ces pays, il s’est particulièrement intéressé à l’histoire du clergé chiite en Irak. Il est aujourd’hui affecté au Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL) à Paris.

En lien avec la publication en 2017 de son ouvrage Chiites et sunnites, la grande discorde en 100 questions aux éditions Tallandier, Pierre-Jean Luizard revient pour Les clés du Moyen-Orient sur le clivage entre sunnites et chiites, sur la notion de « croissant chiite » et d’« axe sunnite », sur les pays de la région confrontés à des divisions confessionnelles et à des interventions régionales et internationales.

En quoi peut-on dire que le clivage chiite/sunnite est de nature plus politique que religieuse ?

Le politique et le religieux sont intimement liés au Moyen-Orient et il semble superflu de tenter de démêler l’un de l’autre. Les clivages sociaux et politiques trouvent leur légitimation dans des dogmes religieux divergents et dans des conceptions du pouvoir opposées selon qu’on est sunnite ou chiite. L’autorité religieuse elle-même n’a pas les mêmes fondements : les sunnites ont longtemps reconnu des autorités religieuses liées aux Etats qu’ils dominaient, à l’époque ottomane puis à l’ère des Etats-nations arabes ; les chiites ont un clergé tout-puissant et qui fut longtemps indépendant des pouvoirs en place, jusqu’à la révolution islamique en Iran qui a porté au pouvoir une partie de ce clergé. Les Etats du Moyen-Orient trouvent leur légitimité dans l’islam, sunnite pour l’Arabie saoudite ou l’Egypte, chiite pour l’Iran. Là où il y a des constitutions, l’islam est systématiquement mentionné comme la religion de l’Etat.

Seules deux exceptions : la Turquie kémaliste et le Liban. Toutefois, la Turquie kémaliste et laïque ne sépare pas la religion de l’Etat et l’islam sunnite hanafite y fait figure de religion nationale turque ; quant au Liban, il est organisé en fonction du confessionnalisme politique où l’Etat disparait derrière 18 communautés confessionnelles en rivalités permanentes. Aujourd’hui, l’influence chiite prépondérante au Liban, à travers le Hezbollah, est surtout contestée par les sunnites, qu’ils soient pro-saoudiens ou salafistes. Le conflit entre sunnites et chiites est aussi un conflit entre Etats, souvent pour le leadership musulman.

Au regard des conflits en cours, notamment en Syrie et en Irak, peut-on encore parler de « croissant chiite » (Iran, Irak, Syrie, Hezbollah libanais) et quelle réalité recouvre-t-il ?

Le « croissant chiite » est une expression utilisée par les sunnites pour dénoncer ce qu’ils voient comme une menace : le mouvement d’émancipation de communautés chiites, notamment arabes, qui ont souvent été dominées socialement et politiquement par des pouvoirs sunnites. Il désigne l’alliance entre Téhéran, Bagdad et Damas avec le Hezbollah et, désormais, de façon présumée, avec le Yémen zaydite.

Pendant longtemps, ce « croissant chiite » était plus un phantasme qu’une réalité (même si l’alliance de Damas avec Téhéran au moment de la guerre Iran-Irak en fut les prémisses), mais la dégénérescence confessionnelle des Printemps arabes lui a donné corps. Des coalitions militaires illustrent cette radicalisation : dès fin 2015, la Russie s’est engagée en soutien au régime syrien de Bachar al-Assad, avec l’aide de l’Iran et du Hezbollah libanais. Et en mars 2015, une coalition sunnite dirigée par l’Arabie saoudite s’est formée avec d’autres pays sunnites pour faire la guerre à la rébellion houthiste (zaydite) au Yémen. En 2011, une autre coalition sunnite menée par l’Arabie saoudite avait réprimé brutalement le Printemps bahreïni où l’opposition chiite menait les revendications citoyennes.

Face à cette réaction brutale du « camp sunnite », l’alliance des acteurs chiites s’est renforcée : les milices chiites, irakiennes, libanaises et syriennes, ont joué un rôle décisif dans la récupération d’Alep (2016) et de Mossoul (2017) par les armées « officielles ». Les rapports de force se sont inversés : le parrain syrien du Hezbollah libanais que figurait le régime de Bachar al-Assad est devenu l’obligé de la milice chiite libanaise qui l’a sauvé. Des communautés qui ne sont pas duodécimaines, comme les Alaouites de Syrie et les zaydites au Yémen, ont été à leur tour entraînées dans la spirale de la nouvelle fitna (discorde) qui oppose sunnites et chiites à une échelle globale.

Divisé par l’apparition ou la persistance de groupes extrémistes comme l’État islamique ou Al-Qaïda, comment se définirait l’« axe sunnite », s’il y en a un ?

Face au « croissant chiite », « l’axe sunnite » a du mal à asseoir son unité. Cela s’explique en particulier par les rivalités entre Etats (Arabie saoudite, Turquie, Egypte, Qatar) à un moment où l’autorité religieuse sunnite n’a jamais été autant remise en question avec l’irruption d’un salafisme-djihadiste conquérant. Qu’il s’agisse des Frères musulmans ou des salafistes, l’Arabie saoudite et le Qatar ont perdu leur relais traditionnels dans le monde musulman. La Turquie donne la priorité à sa lutte contre les Kurdes aux dépens de celle contre l’Etat islamique ou Al-Qaïda. Quant à l’Egypte du maréchal Sissi, elle tente d’occuper le vide laissé par le leadership saoudien en matière religieuse. Les coalitions militaires sunnites engagées à Bahreïn et au Yémen ne semblent pas en mesure de l’emporter de façon décisive.

Qui tire le plus profit de ces divisions confessionnelles en Irak, en Syrie ou encore au Yémen ?

À court terme, on peut dire que la Russie sort grand vainqueur du chaos moyen-oriental dans la mesure où elle retrouve un statut de grande puissance. Les hésitations occidentales ont par ailleurs permis l’affirmation d’Etats de la région qui, à l’instar de la Turquie ou de l’Iran, jouent désormais sur le terrain un rôle décisif. Mais le consensus qui se dégage en faveur de la restauration des Etats en faillite, notamment en Irak et en Syrie, est un danger que ne semblent pas mesurer les différents acteurs qu’ils soient régionaux ou internationaux. A moins de miser de façon cynique sur la perpétuation du chaos, le seul espoir de stabilisation dans la région ne peut provenir que des sociétés civiles elles-mêmes, même si elles sont actuellement divisées.

Les Etats en place dont la genèse est mandataire sont les principaux responsables de la descente aux enfers du Moyen-Orient : construits en 1920 contre leur société, ils n’ont jamais permis l’émergence d’une citoyenneté commune ni un espace public partagé. L’alliance du courant sadriste (chiite) et du parti communiste pour le boycott des prochaines élections en Irak représente dans cette optique une lueur d’espoir de voir les sociétés locales récupérer une part de leur droit à la souveraineté et que celle-ci ne soit plus confisquée par des ambassades étrangères.

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