Arabian Humanities 8 | 2017 - Le cheval dans la péninsule Arabique The horse in the Arabian Peninsula

, par Mohammad Bakri

Ce numéro 8 d’Arabian Humanities parait dans un contexte grave et tumultueux. La guerre au Yémen est entrée dans sa deuxième année, opposant d’un côté les forces gouvernementales reconnues par la communauté internationale et appuyées par une « coalition arabe » et, de l’autre, celles des « rebelles » houthistes soutenues par l’ancien président ‘Alī ‘Abdallāh Ṣāliḥ. Sous les frappes de la « coalition » pilotée par l’Arabie saoudite, les civils sont pris au piège des destructions, des épidémies, du manque d’eau, de nourriture et de soins. La communauté internationale affiche une indifférence consternante, et les Yéménites comptent leurs morts : près de 10 000 à la veille de l’été. Ceux qui sont à l’abri, ailleurs, sont torturés par l’impuissance, tandis que la situation se dégrade tragiquement, jour après jour.

La mise au ban des chiites — dans lesquels sont rangés les zaydites — a aussi gagné le Qatar, accusé de complaisance avec le régime iranien et le « terrorisme » islamiste. La péninsule Arabique semble sombrer dans l’absurde, tandis que se réaffirme le leadership politique de l’Arabie du Roi Salmān et de son fils Muḥammad b. Salmān, ministre de la Défense. La nomination de celui-ci au rang de prince héritier en juin de cette année, véritable révolution dans l’ordre de succession établi depuis la création du royaume, scelle-t-elle l’avenir de la région sur ces clivages destructeurs ?

Garder l’espoir de la paix est essentiel. Aux destructions et à la mort, il faut opposer non seulement la vie, mais aussi ce qui la nourrit. Arabian Humanities, à sa petite mesure, persévère. Le dossier de ce numéro 8 apportera peut-être un peu de réconfort en convoquant ce symbole de noblesse et de liberté qu’est le cheval. La revue elle-même voit ses cadres se renouveler. Michel Mouton, directeur du CEFAS et directeur des publications depuis septembre 2013, achève un mandat mené dans un contexte difficile, celui de l’exil : à Jedda, puis au Koweït où, depuis septembre 2015, le centre perce peu à peu de nouveaux horizons. Qu’il soit remercié ici pour son chaleureux accompagnement des chercheurs et l’attention qu’il a portée à Arabian Humanities malgré les bouleversements. Quant à moi, je quitte aussi mes fonctions de rédactrice en chef pour donner, en toute confiance, le relai de cette belle aventure à Laurent Bonnefoy. Cinq ans après son lancement, il saura, je le sais, conforter la dynamique de la revue, et continuer à faire briller une lumière pour la recherche, la pensée, les mots et la vie dans la péninsule Arabique.

Référence électronique
Juliette Honvault, « Éditorial », Arabian Humanities [En ligne], 2017, mis en ligne le 20 juillet 2017, consulté le 23 août 2017. URL : http://cy.revues.org/3277

Consulter le numéro en ligne sur le site d’Arabian Humanities

Arabian Humanities

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