Arabian Humanities 10 | 2018 - Mariage et famille dans le Golfe aujourd’hui Marriage and family in the Gulf today

, par Mohammad Bakri

Les impressionnants changements socio‑économiques observés dans les six pays membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) depuis le premier choc pétrolier de 1973 sont amplement documentés : ascension des PIB ; expansion démographique des populations nationales, de moins de 10 millions en 1970‑75 à quelque 26 millions en 2017 ; immigration massive (les six pays abriteraient de nos jours environ 55 millions d’habitants, dont une moitié de ressortissants étrangers) ; urbanisation rapide. Les Indices de Développement Humain particulièrement élevés dans ces pays attestent de leurs hauts niveaux de revenus per capita mais aussi des progrès réalisés dans le domaine sanitaire et dans celui de l’éducation, financés par la rente pétrolière. Les forts taux d’accroissement démographique témoignent du recul de la mortalité infantile et des progrès de l’espérance de vie ; l’ascension des taux d’alphabétisation, celle des filles en particulier, est également manifeste : en 2015, de 83 à 95 % des filles des générations concernées étaient inscrites dans l’enseignement secondaire, et environ 50 % des femmes de 18 à 23 ans suivaient une formation dans l’enseignement supérieur (plus de 60 % en Arabie saoudite et à Oman).

Ces évolutions ont profondément affecté les structures et dynamiques familiales dans le Golfe : partout, les âges au premier mariage ont augmenté et la fécondité a décru. Cependant, les changements observés sont parfois contradictoires, entre facteurs mais aussi entre pays. Les niveaux d’endogamie et de mariages consanguins, par exemple, semblent rester élevés. Les temporalités de l’évolution des structures familiales varient d’un pays à l’autre. Ce dossier explore donc un premier ensemble de questions : dans la limite des données disponibles, quelles sont les caractéristiques des structures familiales dans les pays du Golfe, et comment interpréter leurs variations d’un pays à l’autre, leurs paradoxes et apparentes contradictions ? En d’autres termes, quels facteurs influencent les dynamiques familiales, au‑delà des déterminants dits « proches » relevés plus haut tels que l’éducation ou les investissements sociaux et sanitaires massifs financés par les revenus de l’exploitation des hydrocarbures ?...

Référence électronique
Françoise De Bel-Air, Jihan Safar et Blandine Destremau, « Mariage et famille dans le Golfe aujourd’hui : tempête sur l’institution patriarcale ? », Arabian Humanities [En ligne], 10 | 2018, mis en ligne le 23 janvier 2019. URL : http://journals.openedition.org/cy/3685 ; DOI : 10.4000/cy.3685

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