Alger, cité des paradoxes de Sonia JASMINE Éditions LAL - 2018

, par Mohammad Bakri


Editeur


Auteur(s) : Sonia JASMINE
Titre : Alger, cité des paradoxes
Editeur : Éditions LAL
Parution : 1er mars 2018
200 pages
ISBN : 9782919569427


Éditions LAL


De l’Algérie, Sonia Jasmine, née en France de parents Algériens, n’a que leur héritage culturel et quelques séjours en famille à Constantine comme points de repère.

La tentation d’aller à la rencontre de ses racines lui fait accepter un poste à Alger.
C’était sans compter sur le choc culturel, parfois violent, même pour une binationale.

Deux ans de découvertes du pays, de ses habitants, de ses habitudes de vie, de mise à jour de paradoxes animant Alger, de rencontres, farfelues, émouvantes… Et une question, lancinante : à quelles rives de la Méditerranée s’identifier ?

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El Watan


20 mars 2018
Yacine Farah


« Tant que les hommes ne changeront pas le regard qu’ils portent sur la femme, rien ne changera »


Vivre deux années seule en Algérie n’est pas chose anodine pour une jeune Algérienne qui est née et a grandi en France. De cette expérience, Yasmine Bahloul en a fait un livre intitulé Alger, cité des paradoxes, sous le pseudonyme de Sonia Jasmine (à compte d’auteur), dans lequel elle a consigné ses joies et ses mésaventures. Née et ayant grandi à Nantes (ouest de la France), la jeune écrivaine porte un regard honnête mais sans concession sur l’Algérie d’aujourd’hui.

Deux ans après votre retour en France, vous publiez un livre, Alger, cité des paradoxes, qui résume vos deux années d’expatriation en Algérie. Pourquoi ?

Ces deux années passées à Alger ont été des plus intenses, il était important pour moi d’effectuer un retour expérience, aussi bien pour la diaspora algérienne, pour les Algériens et pour toutes les personnes bénéficiant de la double nationalité.

On assiste aujourd’hui au phénomène des « repats », et l’identité se veut être un sujet universel, disons que j’ai eu envie de dire à toutes ces personnes qui bénéficient de la double identité et qui souhaitent retourner dans leur pays d’origine : ‘‘Allez-y en ayant la tête sur les épaules, vous n’en reviendrez que plus riches !’’

En lisant le livre, on vous sent parfois amère, parfois contente d’avoir vécu en Algérie. Qu’est-ce qui vous a le plus marquée ?

C’est la capacité des Algériens à rire de tout et de rien, de relativiser des situations qui peuvent être dramatiques, c’est leur générosité, leur humour… ils sont très attachants pour finir. Oui, j’ai été parfois amère dans mes écrits, car, effectivement, j’y ai vécu des moments dramatiques, mais, ce qui est certain, c’est qu’au final, je riais beaucoup des situations rocambolesques que je vivais et j’ai passé à Alger les plus beaux moments de ma vie même.

Quel est le regard dominant des jeunes Français d’origine algérienne sur l’Algérie ?

Je ne peux pas me prononcer au nom de tous les Français d’origine algérienne, mais il y a une chose dont je suis certaine, c’est qu’ils ne connaissent pas ou peu l’Algérie. Pour connaître les Algériens et l’Algérie, il faut marcher dans ses baskets au quotidien.

Vous critiquez le système social algérien basé sur les traditions et la domination de la religion. Comment sortir de ces schémas selon vous ?

Je ne dirais pas que je critique, je porte plutôt un jugement franc, qui n’engage que moi, sur des faits réels qui me sont arrivés. Pour sortir de ces schémas, il faudrait que les mentalités changent, que le pays s’ouvre au monde, que l’Algérien vive pour lui et non en fonction du regard de l’autre, distinguer clairement les traditions de la religion qui sont deux choses complètement distinctes, mais surtout que la femme soit respectée dans son ensemble.

On peut dire ce qu’on veut, mais la société algérienne est misogyne et tant que les hommes ne changeront pas le regard qu’ils portent sur la femme, rien ne changera. Le début du changement c’est commencer par se changer soi-même.

Pensez-vous que le régime algérien a une part de responsabilité dans la violence et le désespoir qui caractérisent la société algérienne ?

Le régime algérien est ce qu’il est, mais ce qui est certain, c’est que oui, j’ai ressenti du désespoir, de la violence, de la tristesse, mais surtout beaucoup de joie de vivre, de générosité et d’humour également. Cet aspect surpasse le reste. A qui la faute ? Sujet d’un prochain livre peut-être ? (sourire).

Etes-vous d’accord avec la notion de la « double absence » développée par le sociologue Abdelmalek Sayyad lorsqu’il parle de Français de parents algériens ?

C’est une notion que je peux pleinement comprendre, me concernant, je suis issue d’une famille où mon père est fils unique, son père est décédé lorsqu’il était très jeune et sa mère l’a abandonné. Il a fugué pour la Suisse, puis la France lorsqu’il avait 16 ans et s’est construit tout seul, sans famille.

Je n’ai pas connu mon père travaillant à l’usine comme la majorité des émigrés. Il a toujours été à son propre compte et ne s’est jamais senti non intégré dans la société, n’a jamais été victime d’exclusion en France comme peut le souligner M. Sayyad dans ses écrits. En revanche, cette double absence, je la comprends parfaitement puisqu’elle concerne la majorité des émigrés.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui voudrait vivre ou visiter l’Algérie ?

Si c’est un homme : Allez-y ! Sans hésitation, c’est un pays magique ! Si c’est une femme : Allez-y accompagnée d’un ami, d’un conjoint, d’une connaissance masculine qui vit sur place, en voyage organisé par une agence … Sans hésitation, c’est un pays magique !

Sur le site du journal algérien El Watan

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Le quotidien El Watan a été lancé le 8 octobre 1990, dans le sillage des réformes politiques, par vingt journalistes regroupés dans la SPA El Watan. Premier journal indépendant du matin à être édité en Algérie, il a basé sa ligne éditoriale sur un traitement objectif de l’information, en développant des analyses pertinentes, une vérification rigoureuse des informations publiées et un souci constant d’ouverture à l’ensemble des sensibilités politiques du pays, notamment celle de l’opposition démocratique. En savoir plus.

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